Le président sortant souhaite diviser par deux, autour de 100 000, le nombre d'immigrés accueillis chaque année en France et soumettre à certaines conditions l'attribution des minima sociaux aux étrangers l La gauche crie à l'humiliation des étrangers. Paris De notre correspondant La séquence de droitisation du candidat de l'UMP continue. Lors d'un meeting géant, avant-hier, dimanche à Villepinte, près de Paris, le président sortant a promis d'exiger une réforme du traité de Schengen sur la circulation des personnes. Invité sur France 2 la semaine dernière, Nicolas Sarkozy est revenu à ses fondamentaux : immigration et sécurité. Il a annoncé que le durcissement de la législation sur les étrangers, lors de son premier mandat, allait se poursuivre en cas de réélection. «Sur le quinquennat, je considère que pour relancer dans de bonnes conditions l'intégration, il faut diviser par deux le nombre de gens que nous accueillons, c'est-à-dire passer de 180 000 autour de 100 000», propose l'actuel locataire de l'Elysée. Son ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, avait auparavant fixé un objectif de 150 000. «Il y a trop d'étrangers sur notre territoire. Notre système d'intégration fonctionne de plus en plus mal, parce que nous ne pouvons plus leur trouver un logement, un emploi, une école». Il a confirmé vouloir soumettre à des conditions plus difficiles de revenus et de logement le regroupement familial et la délivrance des visas d'installation aux étrangers mariés à des ressortissants français. Assurant que 165 000 étrangers bénéficiaient du revenu de solidarité active (RSA) et 20 000 du minimum vieillesse, il a également prôné un système imposant «10 ans de présence et 5 ans d'activité» en France pour pouvoir prétendre à ces allocations. Nicolas Sarkozy, qui s'est défendu d'effectuer «un virage à l'extrême droite», veut durcir davantage la politique d'immigration en promettant, s'il est réélu, de consulter les Français par référendum sur le rôle que doit jouer la justice dans les procédures d'éloignement des clandestins. Selon lui, à ce jour, le juge judiciaire «relâche» trop souvent les étrangers en situation irrégulière interpellés, «avant même que le juge administratif décide» de leur droit ou non à rester en France. Pour atténuer ses propos, il a promis de ne pas remettre en cause la couverture médicale universelle (CMU) et de l'aide médicale d'Etat (AME) accordée aux sans-papiers. Le candidat socialiste à l'élection présidentielle, François Hollande, estime que le président sortant fait montre «d'incohérence» lui qui, «hier souhaitait l'immigration économique» et «aujourd'hui veut la réduire». Il a qualifié de «contre-vérités» les affirmations de la droite selon lesquelles il ferait des régularisations massives : «Aujourd'hui, il y a 30 000 régularisations par an. Nous serons sans doute dans le même ordre de grandeur». Daniel Cohn-Bendit, lui, ne décolère pas : «J'ai mal dormi. Ce matin, je suis encore mal, parce qu'il m'a dit quelque chose en pleine figure : il m'a dit ‘‘tu es un homme en trop'', parce qu'il a dit qu'il y a trop d'étrangers sur le sol français. Quand en période de crise un homme dit une phrase comme ça, je souhaite que le plus rapidement possible il ne soit plus président de la République.»