Pourquoi dans ce cas-là le ministre de l'Intérieur et l'UMP, le parti présidentiel ,se focalisent-ils tant sur l'immigration ? Paris De notre correspondante Serait-ce en raison de la crise économique et financière qui n'épargne pas la France ? L'enjeu serait-il électoral à l'approche de la présidentielle de mai 2012 ? Le dessein serait-il celui d'une France plus «française de souche» et «moins colorée» ? Le ministre de l'Intérieur et de l'Immigration, Claude Guéant, sans être désavoué par l'Elysée, loin s'en faut, s'en prend, après les «sans-papiers», aux immigrés régulièrement installés en France. Demandeurs d'asile, vieux retraités, immigrés en situation régulière, étudiants, candidats à la nationalité française ne sont pas épargnés. Claude Guéant a estimé dimanche 27 novembre que la France acceptait «trop» d'étrangers en situation régulière chaque année et qu'il souhaitait limiter l'immigration légale en agissant notamment sur le regroupement familial ou le recrutement des étrangers, dont les étudiants en fin de cycle. Après avoir annoncé, vendredi 25 novembre, vouloir s'attaquer aux «faux» demandeurs d'asile, le ministre de l'Intérieur a déclaré, dimanche 27 novembre, vouloir s'attaquer aux «fraudes sociales» imputables aux étrangers. «Beaucoup de mariages sont frauduleux. Il faut, qu'avec le ministre de la Justice, nous veillions à ce que les mariages soient des vrais mariages». «Les étrangers ne sont pas ciblés plus que les autres, les étrangers sont ciblés comme tous les fraudeurs», s'est défendu Claude Guéant. Accusé par la gauche de tenir le discours de l'extrême droite sur l'immigration, le ministre de l'Intérieur a assuré mardi 29 novembre sur RTL qu'il n'avait «rien de commun avec le Front national», tout en répétant que «pour que l'intégration se fasse», il fallait «moins d'immigrés accueillis chaque année». Son objectif est réduire de 10% le nombre des 200 000 immigrés légaux annuels. S'agissant du droit de vote des étrangers aux élections locales, objet d'une proposition de loi qui sera examinée le 8 décembre au Sénat, Claude Guéant le considère comme un sujet qui peut diviser, affirmant n'avoir «pas envie de voir dans le département de la Seine-Saint-Denis qui a une forte population étrangère, la majorité des maires devenir étrangers». Selon un sondage BVA publié lundi par Le Parisien, 61% des Français y sont favorables, une opinion qui a fortement progressé depuis ces dernières années même auprès des sympathisants de droite. Invité de BFMTV-RMC, le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, accuse la droite d'attiser «la peur» «parce que c'est la seule manière pour la droite et Nicolas Sarkozy de faire éventuellement captation d'électeurs». En réalité, a-t-il dit, la même règle sera appliquée aux ressortissants de l'UE. Le Traité de Maastricht de 1992 a accordé le droit de vote et d'éligibilité aux ressortissants européens pour les élections municipales et européennes, mais sans leur donner la possibilité d'être maire ou adjoint. Réunis mardi à Lyon, les cadres de l'UMP confortent le ministre de l'Intérieur en proposant, dans un projet de convention, de durcir les conditions du regroupement familial ; d'augmenter le nombre de reconduites à la frontière et la capacité des centres de rétention administrative ; une réforme de l'espace européen de libre circulation des personnes, dit de Schengen, pour mieux en contrôler les frontières ; de durcir les conditions d'obtention de la nationalité française. L'UMP se prononce par ailleurs contre l'octroi du droit de vote et d'éligibilité aux étrangers non membres de l'Union européenne - une opposition déjà exprimée par Nicolas Sarkozy, qui s'était pourtant prononcé en faveur d'un tel droit pour les élections locales en 2005 et à plusieurs reprises les années suivantes. Marine Le Pen, qui a «remercié» M. Guéant, n'en espérait pas tant d'une droite qui concurrence ouvertement et sans état d'âme, son parti, le Front national. La digue est rompue. Cela profitera-t-il pour autant à la droite ? Le président-candidat non encore déclaré récupèrera-t-il pour autant les électeurs qui pourraient être tentés par le Front national ?