Comble du cynisme, le jeune dictateur annonce des élections pendant que son pays brûle et que ses compatriotes meurent par dizaines. Alors que l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, attendait hier une réponse du régime syrien à ses propositions de médiation, Bachar Al Assad a annoncé le même jour la tenue d'élections législatives le 7 mai prochain. «Le président Al Assad a émis un décret fixant les élections de l'Assemblée du peuple (Parlement) au 7 mai prochain», a rapporté l'agence de presse officielle Sana.Les législatives, qui devaient se tenir en septembre 2011, avaient été reportées en raison du processus de réformes annoncées par le président Al Assad dans la foulée de la contestation contre son régime. Parmi ces réformes figurent notamment une nouvelle loi des partis et une nouvelle Constitution mettant fin à la primauté du parti Baath au pouvoir. La nouvelle loi fondamentale avait été plébiscitée le 27 février lors d'un référendum qualifié de «plaisanterie» par Washington. La modification de la loi fondamentale fait partie des réformes promises par le régime. Si elles ont lieu, il s'agirait des troisièmes législatives en Syrie depuis l'accession au pouvoir du président Bachar Al Assad en 2000. Les autorités avaient promis en 2011 des législatives «libres et transparentes», un scrutin rejeté par l'opposition qui réclame un départ pur et simple du président Al Assad.Sur le plan diplomatique, la communauté internationale s'active toujours à trouver une solution au dossier. Mais pour le moment, les Européens et la Russie divergent quant au rôle du régime syrien dans la sortie de crise. La Russie insiste pour mettre sur le même plan les violences du régime et de l'opposition armée syrienne, ce que les Occidentaux refusent. Actuellement, Moscou tente de convaincre la Syrie d'accepter des observateurs internationaux indépendants qui surveilleront l'arrêt «simultané» des violences des deux côtés, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Le chef de la diplomatie russe a indiqué que Moscou discutait de cette proposition avec les pays de la Ligue arabe et les Nations unies, dont le Conseil de sécurité a débattu de la crise lundi. «L'objectif est que les deux parties comprennent qu'il y a des observateurs indépendants pour surveiller la mise en place de cette exigence, et nous allons formuler cette exigence pour un cessez-le-feu immédiat», a déclaré M. Lavrov au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue philippin Albert del Rosario. «Il faut que ce soit fait simultanément. On ne peut pas exiger du gouvernement de quitter les villes et les villages, alors que les groupes armés ne font pas la même chose», a-t-il poursuivi. «Le retrait unilatéral des forces gouvernementales est complètement irréaliste. Les autorités syriennes ne vont pas le faire, que nous le voulions ou pas», a-t-il poursuivi. La Chine veut une solution politique à la crise Allié de la Syrie avec la Russie, Pékin a de son côté estimé qu'il y avait une «grande entente» entre son pays et les pays arabes pour parvenir à une «solution politique» de la crise syrienne, rejetant par là toute idée de changement de régime par la force. «Nous reconnaissons tous qu'il y a une grande entente entre la Chine et la Ligue arabe sur une résolution politique de la crise syrienne», a fait savoir l'émissaire chinois pour le dossier syrien, Zhang Ming, à l'issue d'entretiens au siège de l'institution panarabe au Caire. Le diplomate a ajouté que sa mission visait à «échanger les points de vue sur la base de la vision chinoise en six points» afin de «parvenir à une entente internationale et trouver une solution pacifique à la question syrienne». La Chine a, rappelle-t-on, rédigé une proposition en six points appelant à un cessez-le-feu immédiat en Syrie, des négociations entre les parties au conflit, mais rejetant toute intervention étrangère. Pékin s'est aussi dit prêt à soutenir l'envoi d'une aide humanitaire, sous l'égide des Nations unies ou d'un organisme «impartial», à condition que la souveraineté syrienne soit préservée.La Chine a également assuré qu'elle «soutenait le rôle constructif» de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan. Sur le terrain, les combats continuent à faire rage dans de nombreuses localités, plongeant chaque jour un peu plus la Syrie dans la guerre civile. Le bilan quotidien des victimes des deux camps est effroyable. Au moins 43 personnes, en majorité des soldats et des membres des forces de sécurité, ont été tuées hier dans des attaques de rebelles. Lundi, près de 30 personnes avaient péri dans les violences à travers le pays. Cette journée avait été dominée par la découverte d'une cinquantaine de corps de femmes et d'enfants carbonisés, égorgés ou poignardés à Homs, dans le centre de la Syrie, un «massacre» attribué par des militants aux forces gouvernementales et par la télévision officielle à des «gangs terroristes». La barbarie de ce crime ignoble a amené hier le chef de la Ligue arabe à demander une «enquête internationale».