La peine capitale a été requise, hier, contre l'émir d'AQMI, Abdelmalek Droukdel, et 8 autres terroristes, jugés par contumace dans le cadre du procès des auteurs présumés de l'attentat-suicide contre le Palais du gouvernement, le 11 avril 2007, qui s'est ouvert hier au tribunal criminel près la cour d'Alger. Cet attentat, faut-il le rappeler, faisait partie d'une série d'attaques ayant ciblé les sièges de la division Est de la police judiciaire de Bab Ezzouar, la brigade de gendarmerie, faisant en tout 20 morts et 222 blessés. A l'audience, 7 auteurs présumés étaient au box des accusés alors qu'un huitième, poursuivi pour le délit de «non-dénonciation de criminel», comparaissait libre. Dès l'ouverture du procès, le président, M. Hellali, a fait l'appel des victimes, dont la majorité étaient présentes. Elles se sont constituées contre non seulement les accusés présents, mais également contre ceux en fuite. Maître Sidhoum s'est insurgé contre le refus du greffier de la cour d'Alger d'accepter le pourvoi en cassation de l'arrêt de la chambre d'accusation qu'il devait déposer : «Le greffier n'est pas habilité à me dire si je suis dans les délais ou pas. J'ai été obligé de saisir par télégramme le procureur général. Est-ce normal ? Le pourvoi a été déposé ce matin !» Le président a répondu : «Je suis le seul arbitre ici ; je prends acte de vos remarques qui seront jointes au dossier. Mais sachez que vos remarques ne relèvent pas des compétences du tribunal. Ramenez-nous la preuve du pourvoi et l'accusé ne sera pas jugé.» Un des accusés se lève : «Moi aussi j'ai introduit un pourvoi en cassation. Je ne peux être jugé.» Surpris, son avocat réagit : «Monsieur le président, je n'étais pas au courant que mon client avait introduit un pourvoi. Je ne l'ai appris que maintenant.» Le juge décide de ne pas juger l'accusé en précisant qu'il sera néanmoins entendu comme témoin. Me Sidhoum revient à la charge: «Puisque vous persistez à juger l'accusé, je me retire.» Un de ses confrères, Me Khamis, prend la même décision, ce qui fait dire au juge : «Cela fait six fois que le procès est reporté. La justice ne peut pas attendre éternellement pour traiter les affaires. Rien ne m'empêche de poursuivre l'audience.» Constitué pour un troisième accusé, Me Zouita se retire également et dénonce ce qu'il qualifie «d'atteinte au droit à la défense». Dans le box, un des accusés veut sortir : «Je ne veux pas rester ici. Je veux quitter le box.» Le magistrat fait semblant de ne rien voir. La voix du contestataire s'élève. Un autre accusé le rejoint. Les deux veulent redescendre aux geôles ; ils refusent d'être jugés sans leurs avocats. Le magistrat entame le tirage au sort pour le choix des jurés. L'un des protestataires crie : «J'ai déjà été jugé pour les mêmes faits et j'ai écopé de la perpétuité. Je ne veux pas être jugé sans mon avocat.» Un dialogue de sourds entre ce dernier et le magistrat s'ensuit. Le juge refuse que les deux contestataires quittent les lieux et ceux-ci persistent à vouloir franchir la porte. «Vous voulez el faouda (l'anarchie) ? Cela va se retourner contre vous. Vous ne voulez pas être jugés, alors restez tranquilles, vous avez le droit de ne pas répondre aux questions», leur dit-il. Il se retire et une demi-heure plus tard, il décide de laisser partir les deux protestataires et d'entendre comme témoin le troisième accusé. L'audience reprend avec l'audition de quatre accusés sur les six présents au box, qui s'est poursuivie très tard dans la soirée. Nous reviendrons sur ce procès dans notre prochaine édition.