Le président du tribunal criminel près la cour d'Alger, a déclaré, jeudi, que “Amari Saïfi, alias Abderazzak El-Para, a bénéficié de mesures exceptionnelles” et rejeté la requête de la défense relative à la demande de sa présence au procès de l'enlèvement des touristes autrichiens et allemands dans le Sahara algérien en 2003. Les avocats se sont alors retirés de l'audience, refusant de plaider en l'absence de l'accusé principal, suite à quoi le tribunal a décidé de renvoyer l'affaire au 14 avril prochain pour “désignation d'avocat d'office” pour les deux accusés. Le procès de l'enlèvement des touristes allemands et autrichiens dans le Sahara algérien s'est ouvert jeudi matin. L'audience a été présidée par le magistrat Bekkri, président du tribunal criminel. Les deux accusés, F. Amar et A.Yacine, qui faisaient l'objet d'un mandat d'arrêt et qui ont été jugés par contumace, étaient dans le box en présence de leurs trois avocats qui ont tous refusé de plaider dans cette affaire en l'absence de Amari Saïfi alias Abderezzak El-Para. Comme prévu, Me Khannouf Hadria a demandé le report du procès. “Monsieur le président, aujourd'hui on sait que El-Para est entre les mains de la justice, c'est le ministre lui-même qui l'a affirmé, et pour le bon déroulement de ce procès, on demande sa présence.” Le magistrat fait remarquer que le procès a été reporté à plusieurs reprises et que le tribunal a décidé d'examiner l'affaire jugeant que la présence d'El-Para n'est pas nécessaire “d'autant qu'il ne figure pas parmi les accusés”. Une déclaration qui a fait réagir Me Amine Sidhoum : “Mais, Monsieur le président, El-Para est cité dans le renvoi, dont le dossier de cette affaire est devant vous. Voyez, il est cité comme le 3e accusé, et moi, en tant qu'avocat de A. Yacine, je demande aussi sa présence d'autant qu'il est en détention selon le ministre de la Justice !” La même demande émanera de la part de Me Touati Saâdia qui avait déjà introduit, au mois de janvier dernier, une requête auprès du procureur général pour “exiger la présence d'El-Para”. “Selon le renvoi d'appel, mon client appartenait au groupe d'El-Para, mais ce dernier nie et rejette ces accusations. On veut auditionner El-Para pour éclaircir ce point !”, précise-t-elle Les trois avocats se sont tous interrogés sur les dessous du refus de présenter cet ex-“émir”. “Il n'est pas un témoin mais c'est l'accusé principal et le commanditaire du rapt des touristes étrangers, alors, pourquoi on veut ‘l'écarter' de l'affaire ?” affirment-ils. Mais le magistrat rejette la demande de la défense. Les deux accusés ont refusé, de leur côté, d'être jugés sans leurs propres avocats. Après délibérations, le tribunal décida le report du procès au 14 avril prochain “pour désignation d'avocat d'office”. Le tribunal a également décidé de trancher ainsi dans cette affaire sans que El-Para soit présenté alors qu'il a été auditionné par la justice et qu'il est poursuivi dans plusieurs affaires, à l'instar de l'embuscade meurtrière qui a coûté la vie à 43 parachutistes à Batna et plusieurs attentats. Me Sidhoum a décidé d'introduire une “demande pour pouvoir rencontrer El- Para” Le mufti du GSPC auditionné On apprend que des chefs terroristes, qui étaient détenus tels que Touati Othmane alias Abou El Abbès, le mufti du GSPC, qui s'est rendu aux services de sécurité et a lancé un appel à la reddition à ses ex-compagnons, a été également auditionné, et ce, pour la première fois, par la justice.