Il est de notre devoir de prendre en charge les attardés mentaux, sinon ils seront livrés à eux-mêmes », nous dit d'emblée la directrice générale de l'association Aide aux inadaptés de la wilaya d'Alger, Mme Khadoudja Amiri qui se dévoue corps et âme depuis plus de 30 ans à la noble mission, celle de faire épanouir ces laissés-pour-compte de la société dans des conditions appropriées. « Les inadaptés ont droit à leur centre comme les enfants normaux ont droit à leur école », martèle-t-elle. Elisant ses quartiers au Chemin Bachir El Ibrahimi, à El Biar, la directrice générale, entourée d'une équipe d'éducateurs, de psychopédagogues et d'orthophonistes, s'attelle, à travers un programme d'activités, à la réinsertion des inadaptés mentaux (filles et garçons) qu'elle entoure de toute son affection, et donner de l'espoir à leurs parents, dont la plupart ne savent pas comment réagir devant la déficience mentale de leurs enfants. Notre interlocutrice, après nous avoir expliqué l'état des lieux de cette catégorie peu ou prou marginalisée - notamment à l'intérieur du pays - nous montre ce dont sont capables de réaliser des adolescents lorsque les conditions sont réunies. L'espace d'un après-midi, elle nous fait visiter les classes d'apprentissage où des inadaptés adolescents, encadrés par des éducateurs spécialisés, s'affairent à exercer leur « talent » dans certains corps de métier comme la petite menuiserie, la marqueterie, la sculpture, le cannage, le métal à repousser, la broderie, la couture, etc. De petits chefs-d'œuvre que les apprentis arborent fièrement devant notre regard. « Une prise en charge qui révèle que la socialisation peut se construire chez cette catégorie de personnes qu'il faudra prendre à bras-le-corps », nous dit la psychopédagogue, Mme Naïma Yahiaoui qui met en avant le manque de coordination et de suivi dans les services infanto-juvéniles. « Pour ce faire, nous devrons renforcer la prise en charge précoce de l'enfant en bas âge dans les structures psychopédagogiques si nous voulons éviter des conséquences fâcheuses causées par des dommages violents susceptibles de fragiliser la personne plus tard », renchérit-elle, Prise en charge insuffisante Cela étant, l'association Aide aux inadaptés fait dans l'action structurée. « Nous prenons en charge 575 inadaptés à travers les onze centres de la wilaya d'Alger et nous souhaitons multiplier ce type de structures pour accueillir d'autres enfants et adultes qui, faute de place, sont sur la liste d'attente », tient à souligner Mme Khadoudja Amiri. Elle précise que les inadaptés sont classés en tranches d'âge dans les centres de la wilaya, à savoir celle des 6-15 ans qui dispose d'un programme de socialisation, d'alphabétisation et de travaux manuels ; la catégorie des 16-20 ans pour qui est destiné un programme d'apprentissage ; enfin, la tranche d'âge adulte des 20-65 ans qui, après avoir acquis une certaine autonomie, sont intégrés dans la vie active au niveau des entreprises ou au niveau de la coopérative de production créée par l'association. Interrogée sur les moyens financiers dont bénéficie l'association, la directrice nous affirme que « la subvention allouée par les pouvoirs publics reste insuffisante, et ce, en dépit des dons consentis par des particuliers qu'elle tient à remercier au passage ». Un projet qui tient à cœur à Mme Amiri qui se dévoue pour la cause. En effet, après un parcours du combattant, elle vient d'acquérir un terrain de six hectares octroyé par le ministère de la Solidarité. Son objectif est de réaliser un projet : construire une ferme expérimentale pédagogique qui comprendra un centre d'élevage, d'horticulture, etc., outre un foyer de vie pour une catégorie d'inadaptés dits « lourds ». Une option salutaire qui permettra sans nul doute à l'association de se donner les moyens d'être autonome et d'échapper, par conséquent, à l'assistanat dont le caractère est très souvent veule.