Le bidonville Fedj Er Rih sera éradiqué. Cette décision inattendue et ô combien réjouissante pour les 800 familles, qui habitent ce no man's land en pente aiguë, a été prise lundi dernier par le wali lors de sa rencontre avec le mouvement associatif. Une décision qui semblait instantanée même, puisque M. Boudiaf a réagi suite au chiffre donné par le directeur de l'OPGI relatif aux 2692 logements sociaux qui seront réceptionnés prochainement. En complément de sa réaction, il prendra à témoin l'association et les habitants de ce quartier en mettant en garde contre d'éventuelles et insidieuses introductions d'indus occupants sous peine d'annulation de la décision. L'annonce a eu son effet sur la salle avant d'atteindre le site qui n'a pourtant pas bénéficié de la visite du wali contrairement aux quartiers limitrophes. La matinée a été consacrée, en effet, à la visite des cités Sakiet Sidi Youcef (BUM), Emir Abdelkader (faubourg) et Halbedel A et B. Dans ces deux derniers endroits, l'hôte officiel a découvert une population livrée à elle-même et souffrant encore des stigmates de décennies entières d'oubli. Le bain de foule a eu lieu, tout de même, dans le calme et plusieurs citoyens ont pu tutoyer le premier responsable de la wilaya en exposant leur mal-vivre qui se résume concrètement à l'absence d'aire de jeu pour les enfants et surtout l'état actuel de la voirie. Un état que la commune a pris en charge, puisque « les chantiers de revêtement seront engagés en mars prochain », a promis le wali, pour sortir la population de la gadoue, 44 ans après l'indépendance. Plus bas à la BUM, il a constaté les chantiers de réhabilitation engagés par l'OPGI, notamment le ravalement des façades des immeubles et l'aménagement d'espaces verts qui progressent et devrait s'achever en juin. En réponse au problème posé concernant les troupeaux de vaches et moutons qui menacent les arbustes plantés, M. Boudiaf a donné instruction pour que les animaux interceptés soient abattus et leurs viandes livrées à Diar Er Rahma. Ce qui a marqué, cependant, ce point de la visite, c'est la colère du wali en prenant connaissance de la situation d'un terrain d'assiette situé en face du bureau de recrutement. Sans sourciller, il a ordonné l'annulation d'octroi de ce terrain, dont a bénéficié un prétendu investisseur en 1995 sans que son projet soit mis à exécution. Cette décision a fait sourire plus d'un parmi ceux qui connaissent les tenants et aboutissants de cette affaire et surtout l'identité des propriétaires, mais elle fera sourire encore plus les habitants du quartier qui ont longtemps souffert des désagréments causés par ce chantier parking faisant, par la force des choses, partie du décor. C'est ce qu'on appelle mettre le holà. Le personnage que campe M. Boudiaf semble bien à l'aise dans ce rôle pour sortir les responsables de leur torpeur et traduire l'embellie financière en bien-être social et développement. Il n'a pas, d'ailleurs, hésité à rappeler cette fois aussi qu'il a été chargé par la Présidence de redonner à Constantine sa véritable place de capitale de l'Est en invitant les retardataires à rejoindre le train dans un délai maximum de 15 jours. Les directeurs de l'exécutif défileront devant l'assistance pour exposer, chacun dans son secteur, l'état d'avancement des chantiers et des projets qui devront former l'assise du développement pour Constantine. Un exercice périlleux, tant le wali ne rate pas un mot ni l'occasion pour mettre les intervenants dans la gêne. « Aucun marché ne sera attribué désormais avant l'achèvement du dossier administratif. Sous ma responsabilité, personne ne fera la pluie et le beau temps à sa guise », lancera-t-il avec véhémence à ses cadres. Aux représentants des associations, il dira : « Peut-être que parmi vous il y en a qui travaillent, mais je sais aussi qu'il y a des manipulés. » Une phrase lucide et pleine de vérité qui devrait dissuader plus d'un, mais ce serait sans compter avec l'insensibilité de ces appendices sortis du ventre des partis Etat et longtemps nourris par le cabinet même du wali. Les élus de la commune n'ont pas été épargnés non plus en recevant leur quota de blâmes. Le wali les exhortera à répondre aux sollicitations écrites des citoyens par des écrits même négatifs, une façon de respecter les citoyens qui les ont élus.