Un homme à scooter a fait feu hier matin dans un collège juif à Toulouse, tuant quatre personnes, dont trois enfants. La vie politique a été mise en suspens. Lyon de notre correspondant L'histoire dira que le sort de la campagne présidentielle française s'est peut-être joué dans ce drame. La communauté juive a été visée, hier matin, par une tuerie sans précédent depuis l'attentat de la rue des Rosiers à Paris il y a presque trente ans. Un collège juif de Toulouse a été la cible d'un tueur, faisant quatre morts. Quelques jours auparavant, des faits similaires s'étaient produits, quasiment avec le même mode opératoire dans la même région. Un homme à scooter s'arrête et tire de sang-froid sur un groupe de soldats parachutistes. C'était à Toulouse et Montauban. L'émotion avait fait chou blanc, les médias se contentant de suivre l'évolution dans l'enquête. Là, alors que depuis quelques années, on ne cesse de se focaliser autour de l'antisémitisme, toute la classe politique a déboulé physiquement ou à coups de communiqués ou de tweeters, sur les lieux de l'événement, à commencer par le candidat Nicolas Sarkozy qui a revêtu pour l'occasion son habit de président, reprenant la majesté d'un poste dont tous les sondages récents disent qu'il devra le quitter après la défaite annoncée du 6 mai prochain au second tour de la présidentielle. C'est donc peu dire que le fait divers dramatique qui s'est produit hier matin déboussole la vie politique en France. Ce meurtre de sang-froid de quatre personnes, dont trois enfants, est de nature à infléchir le vote des Français vers le candidat sortant auquel les enquêtes d'opinion affirment que les Français lui font plus confiance en matière de sécurité. Une tragédie nationale, selon Sarkozy Derrière le visage contrit et des propos très solidaires vis-à-vis des victimes, le président Sarkozy avait-il cela en tête lorsqu'il a tenté de faire l'union derrière lui en parlant de «tragédie nationale» et en demandant une minute de silence aujourd'hui dans toutes les écoles ? L'histoire le dira. Les autres candidats ont tous fait profil bas et annulé les rendez-vous du jour relatif à la campagne électorale. Même les interventions télévisées comme celle prévue sur Canal+ par le socialiste François Hollande a été reportée. Le favori des sondages s'est rendu à Toulouse, dans l'après-midi, demandant «une réponse commune et ferme de toute la République». Le candidat centre droit, François Bayrou, devait faire le voyage dans la soirée. L'ensemble des candidats et de la classe politique fait bloc. La candidate du Front national, Marine Le Pen, mal à l'aise avec son discours constamment raciste, a forcé sa nature en demandant l'annulation de l'émission de France2, hier soir. Une véritable union nationale se constitue, alors qu'elle était stipendiée il y a peu au plan économique. Un internaute du site lemonde.fr résumait la frénésie qui a pris une nouvelle fois les médias à coups d'émissions spéciales : «Pourriez-vous arrêter de préciser systématiquement la confession de l'établissement. L'important dans cette affaire, c'est que le sanctuaire que doit être l'école a été attaqué ! Juive, catholique, bouddhiste où autre, ce n'est pas important ! L'acte aurait-il été moins horrible s'il avait eu lieu devant une école laïque ? Je ne le pense pas !» En tout cas, les sondages diront très vite les effets de la manipulation de ce drame sur l'électorat. Quant au tueur, dont rien ne pouvait encore dire son appartenance idéologique, il courait encore au moment où nous rédigions ces lignes.