La création d'une Amicale des Hamraoua du Mouloudia fait son chemin. Le journaliste et écrivain Ahmed Bessol pilote ce projet avec d'autres figures emblématiques du Mouloudia. L'idée est venue lors d'une cérémonie mortuaire d'un ancien Hamraoui. Ce n'est que dans de telles circonstances, hélas, que les enfants d'El Hamri se retrouvent et, naturellement, les souvenirs surgissent et l'on parle du Mouloudia qui a bercé les rêves de la jeunesse oranaise. La situation du club est préoccupante et ce qui l'est davantage, c'est l'image qu'elle donne de la ville. Une image désastreuse avec comme support le comportement négatif des jeunes supporters. C'est un traquenard tendu à ces derniers. -Que vous inspire la situation actuelle du MC Oran ? El Hamri est connu comme étant un des symboles de la lutte armée en Algérie (300 morts et 250 disparus). Il reste le quartier de la contestation et aujourd'hui, on cherche à le discréditer à travers le Mouloudia, en présentant ses jeunes supporters comme des voyous. Mais on oublie de désigner les vrais responsables de cette situation qui, comme par hasard, ne sont pas des Hamraoua et qui sont instrumentalisés par des cercles maléfiques. Regardez les listes pour les prochaines législatives et comptez combien il y a d'Oranais à Oran pour ne pas dire Hamraouas, au niveau des partis au pouvoir. Et puis faites la comparaison avec les autres villes. Il faut arrêter ce cinéma. -La rivalité entre dirigeants n'a-t-elle pas été un des facteurs d'instabilité dans la décadence du club ? C'est vrai. Je vous le concède. Mais il y a aussi et surtout la catastrophique gestion financière du club. On vient au Mouloudia, on se goinfre et on s'en va. On dilapide même ses biens avec la bénédiction des autorités. On se souvient beaucoup plus de cette mascarade où deux équipes du Mouloudia partageaient le même vestiaire, pour disputer un match de L1 que de ses prestigieux titres et trophées. On se raconte à gogo ces feuilletons de l'été. On en rit bien sûr, mais on en pleure et on a la rage surtout quant on connaît l'histoire héroïque de ceux qui ont fondé le club. Des nationalistes, des vrais. -Revenons à l'amicale des Hamraoua. Quel sera son rôle ? L'amicale, avec l'aide du Comité des sages, vise à déjouer ce plan maléfique afin d'éviter au club le sort subi par la prestigieuse USM.Oran après l'indépendance du pays. Il est impératif de retirer la confiance à tous ceux qui ont sali le nom du Mouloudia et de sensibiliser les jeunes supporters à ne pas s'en prendre aux forces de l'ordre et leur faire connaître l'histoire du club. A ce sujet, un programme simple en dix points sera débattu. Et s'il est adopté, croyez-moi, cela fera bouger les lignes. -Un programme en 10 points pour sauver le club de la relégation ? La question qui se pose n'est pas de savoir si le Mouloudia est condamné à jouer en L2 l'année prochaine, mais plutôt si l'image du Mouloudia doit continuer à être ternie. Des hommes nouveaux doivent gérer le club professionnel imprégnés de l'esprit d'El Hamri comme l'ont été les Boutaleb, Bessol, Ben Ahmed «Si Moussa», Guendil Benabed et des joueurs qui défendent les valeurs du club, à l'image des Freha, Meguenine, Nehari,Hamadi, Beddiar, (mes excuses pour ceux que je n'ai pas cités) et, bien avant eux, Sebaa Houari, Chibani Abdelkader…. -C'était une époque. Maintenant, il y a l'instauration du professionnalisme... Le professionnalisme c'est du pipeau. Il est devenu un mur des lamentations avec une seule chanson : «Donnez, donnez, donnez !!!» Un gouffre financier pour l'Etat. Il faut impérativement organiser les états généraux du football. C'est là le rôle majeur de l'Etat en sport lorsque tout va mal. -Vous préconisez un retour aux sources. Un Mouloudia historique, en somme... Le Mouloudia qui jouait devant 40 000 spectateurs avec un public le plus accueillant d'Algérie joue aujourd'hui devant 200 spectateurs. C'est ce Mouloudia d'Oran que nous voulons revoir, imprégné de la philosophie «des compagnons de la H'sira». Un Mouloudia qui fait rêver tous les jeunes Oranais. L'amicale va œuvrer pour les honorer. Elle sera composée de tous les enfants d'El Hamri qui le souhaitent (joueurs, dirigeants, arbitres…) -Quel rôle va tenir Ahmed Bessol, le journaliste, l'écrivain ? J'avais promis à mes petits-enfants de leur raconter l'histoire de leur arrière-grand-père qui fait partie de l'histoire du Mouloudia pour le cinquantenaire de l'indépendance de notre pays. Et c'est en travaillant sur le livre qui embrasse la partie 1946-1956 que ceux qui ont partagé mon enfance, ma jeunesse et le maillot d'El Hamri m'ont fait l'honneur de m'associer à leur idée. Une idée simple : redonner une image saine du Mouloudia.