C'est un homme charmant qui a fait du social toute sa vie. Il a toujours été très près de ses patients et de ses élèves. Je le considère comme un père», témoigne l'un de ses fidèles amis, le psychothérapeute Lahrech. Le célèbre psychiatre algérien, le professeur Bachir Ridouh, n'est plus. Il est mort hier après-midi à 14h, aux urgences du CHU de Blida, à l'âge de 70 ans suite à un malaise cardiaque. Responsable du service de psychiatrie légale au CHU Frantz Fanon de Blida depuis plusieurs décennies, médecin légiste, criminologue, il est surtout connu pour avoir expertisé la personnalité de Lembarek Boumaârafi, l'assassin du président Boudiaf. A travers son expertise, il révéla que cet assassinat était un acte isolé, ce qui n'était pas du goût de plusieurs opposants à l'époque. Il a même écrit un livre, intitulé La Dynamique Boudiaf, la mécanique Boumaârafi, publié aux éditions RSM, à travers lequel feu Ridouh faisait une analyse psychiatrique de l'auteur du crime. Durant les années 2000, il a organisé plusieurs rencontres internationales de haut niveau dédiées, notamment, à «L'expertise psychiatrique», «Le témoignage de l'enfant au tribunal», «La toxicomanie et sida, «Toxicomanie : maladie ou déviance ?»… Des revues périodiques de référence ont été aussi éditées par ses services. Il y a un mois, il avait participé à un congrès national sur la santé mentale des enfants et des jeunes, où il avait présenté un état des lieux de ce sujet. En constatant la montée inquiétante du phénomène du suicide, le professeur Ridouh a lancé, à maintes reprises et dans l'urgence, l'idée de créer un observatoire d'épidémiologie chargé de suivre de plus près le phénomène et fournir des statistiques, cela afin de mieux le cerner et le combattre. Aujourd'hui, le suicide ne cesse de prendre de l'ampleur, notamment au sein de la population juvénile, sans pour autant que cet observatoire n'ait été créé. «La disparition subite du professeur Ridouh, un des piliers de la psychiatrie en Algérie, constitue une grande perte pour la santé mentale dans notre pays. C'est lui qui avait créé en 1996, le premier centre de cure de désintoxication à l'échelle nationale au niveau de l'hôpital Frantz Fanon de Blida. Il considérait le toxicomane comme une personne qui souffrait psychiquement et qui avait de ce fait, besoin de soins médicaux et de thérapie psychologique et non pas comme une personne à emprisonner», témoigne Abdelkader Lazereg, psychologue clinicien ayant fait ses débuts aux côtés de Ridouh. Avec son équipe de psychiatres et de psychologues-cliniciens, il a réussi à sauver des milliers de jeunes de l'emprise de la drogue. Le défunt était très proche de ses malades avec lesquels il avait installé une véritable relation familiale. Le professeur Ridouh était un homme apprécié et respecté par tous ceux qui l'ont approché. Sa silhouette hantera pour longtemps les allées de l'hôpital Frantz Fanon. Le défunt sera enterré aujourd'hui au cimetière de Beni Messous (Alger) après la prière du dohr.