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Du «bon» usage de la rente pétrolière
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Publié dans El Watan le 25 - 03 - 2012

Dans le débat économique national, la question de l'usage qui doit être fait des revenus pétroliers ne suscite curieusement pas beaucoup d'intérêt.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la mobilisation de la rente à des fins économiquement utiles est un sujet qui mobilise peu. Pourtant, la manière dont cette ressource continue présentement d'être utilisée n'est pas sans susciter de légitimes inquiétudes sur la capacité du pays à se défaire de sa dépendance vis-à-vis du secteur des hydrocarbures, et sur son aptitude à définir un remède à ce qui s'apparente à une véritable intoxication pétrolière.
La rhétorique
La rhétorique habituelle sur «l'après-pétrole» peine encore à se traduire en résultats, au point où parfois il peut sembler que, chez nous, la fréquence d'usage d'un mot d'ordre est inversement proportionnelle au degré de sa concrétisation. Aussi, c'est lorsque les pratiques économiques de l'Etat consacrent irrémédiablement l'avènement d'un régime rentier que le discours ambiant prône avec le plus de force la rupture avec l' «ère du pétrole». Cette incohérence aurait été «compréhensible» si elle était le fait exclusif du personnel politique aux commandes de l'Etat ; mais il se trouve que même les débats entres spécialistes, lorsqu'ils se réfèrent à l'«après-pétrole», ne manquent pas d'incohérences.
Ainsi, beaucoup de nos économistes trouvent aujourd'hui qu'il est «dans l'ordre des choses» de prôner la rupture avec le régime rentier et de suggérer en même temps une hausse des salaires, une réévaluation de la monnaie nationale, une réduction de la fiscalité ordinaire, un soutien des prix des produits de large consommation, un assainissement financier du secteur public… pour ne citer que ces mesures qui, encore de nos jours, constituent l'essentiel de l'actualité économique du pays. Peut-on prôner la rupture avec le régime rentier sans en souligner le caractère inéluctable et nécessairement douloureux des sacrifices ? Au regard de la tournure que prend le débat économique national en ce moment, la question n'est pas dénuée de fondement.
Une matrice institutionnelle incitative
Quelles seraient, dans les conditions actuelles, les composantes constitutives d'une politique économique susceptible de guérir le pays de ce mal qui sévit depuis au moins trois décennies ? A cette question, on ne saurait répondre autrement que par un exposé générique. Une politique de rupture avec la rente, car c'est de cela qu'il s'agit, consisterait à définir une matrice institutionnelle qui protégerait l'espace économique national de la concurrence externe, tout en veillant à ne pas annihiler l'efficience de la structure incitative interne. Cette dernière, en déterminant dans une grande mesure les choix économiques faits par les différents agents de la croissance, demeure la source première des performances économiques.
La structure incitative interne doit présenter une configuration qui stimule les activités productives au détriment des activités de recherche de rentes. Ainsi, il y a lieu, en particulier, de veiller à ce que l'économie nationale soit prémunie contre le fameux syndrome hollandais. La politique de change, composante essentielle du mode d'insertion internationale de l'économie nationale, doit avoir pour souci premier d'insérer son contenu dans le cadre d'une politique de croissance de l'activité productive interne, ce qui, en l'occurrence, passe par une stabilisation, à défaut d'un ajustement, du taux de change effectif réel de la monnaie nationale, seul moyen de contrarier les effets du dutch disease. Il s'agit là d'un préalable qui conditionne l'aboutissement de tout effort d'amélioration de la compétitivité des entreprises nationales et donc la réussite de toute politique de diversification.
L'intoxication pétrolière pouvant survenir par d'autres canaux, il convient également de faire en sorte que les arbitrages budgétaires de l'Etat ne fassent pas la part belle à l'impératif, politique, de la distribution au détriment de l'impératif économique de l'accumulation. Les dépenses budgétaires qui accroissent la compétitivité de l'économie (dépenses en équipement, éducation et formation, santé) doivent prendre le dessus sur les différentes subventions à caractère distributif. Ceci dit, il y a lieu de remarquer que la dépense publique d'investissement ne constitue qu'une forme, parmi d'autres, d'utilisation des revenus pétroliers. Les autres modalités, comme la fiscalité, le crédit, le taux d'intérêt, la politique salariale…, qui sont autant de médiations qui définissent un mode de mobilisation de la rente à des fins de financement de l'accumulation, sont à envisager dans la même perspective que précédemment.
Neutraliser l'effet de rente
L'expérience de certains pays qui ont réussi l'objectif de s'industrialiser a montré qu'une politique industrielle volontariste est tout à fait compatible avec la mobilisation du secteur privé. Nombre de trajectoires nationales montrent que si l'Etat doit peser sur l'orientation du système productif, il n'est pas forcément nécessaire que cela passe par l'exercice d'un contrôle direct sur la production, comme cela a souvent été tenté grâce à la mise en place et l'entretien, grâce à la rente, d'un secteur public étendu. Dans certains cas, c'est même l'alliance capital privé-Etat qui a constitué l'élément moteur du décollage économique. L'enjeu en l'occurrence est de neutraliser l'effet de la rente externe sur le système productif interne.
Cependant, préconiser une telle alliance dans le contexte présent de l'Algérie, c'est manifestement sous-estimer le poids du conformisme idéologique dans le processus de prise de décision. Source de blocage du changement économique et social, le conformisme idéologique trouve son expression la plus éclatante dans l'entretien, à coup de milliards de dinars de subventions, d'un secteur public moribond. Par ailleurs, et contrairement à une idée très répandue, le «patriotisme» économique ne se réduit pas à une politique sectorielle qui consisterait à définir des «stratégies» de branche en fonction d'avantages comparatifs virtuels. Si l'action volontariste de l'Etat en matière industrielle s'est souvent traduite par des échecs cuisants, c'est sans doute parce que, dans la conception des politiques industrielles, on a souvent privilégié l'aspect technique, physique, au détriment de la dimension éminemment sociale de l'activité industrielle.
En effet, par-delà son aspect morphologique, l'industrialisation est avant tout une dynamique sociale dans laquelle les configurations que prennent les rapports sociaux jouent un rôle clé. Importer des machines ne suffit pas. Encore faut-il construire les relations sociales du travail correspondantes. Une politique économique de rupture avec la rente gagnerait en outre à être inscrite dans le contexte général qui prévaut à l'échelle externe. Ce dernier se caractérise par un approfondissement sans précédent des relations économiques internationales, situation habituellement désignée par le terme de «mondialisation». La mondialisation apparaît ici comme un obstacle qui rend vaine toute initiative qui tente de rendre crédible l'entreprise de s'industrialiser sur une base nationale.
Face à la mondialisation, ou ce qui s'apparente à une ouverture imposée de l'extérieur, la gamme de choix politiques de l'Etat demeure, en dépit de ce qui se dit ici et là, très large, d'autant plus que, contrairement à ce qu'enseigne les théories orthodoxes du commerce international, les relations internationales ne se résument pas à des relations marchandes mais font souvent intervenir de façon décisive des négociations d'Etat à Etat. A l'instar notamment de la monnaie et du budget, presque toutes les composantes de l'insertion internationale d'un pays font en effet l'objet d'arbitrages politiques.
Il en est particulièrement ainsi de la politique de change (régime et taux de change), du tarif douanier, des accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux …
Marché et statu quo
La question de l'emploi productif de la rente est au centre de la problématique de l'accumulation. Dans le contexte actuel, la question se pose toujours de savoir si l'on peut envisager un emploi productif de la rente pétrolière sans que cela passe par le détour du marché. Si pour les travaux d'équipement public la question ne se pose pas tellement, puisque c'est l'Etat, à travers le budget, qui en prend directement la charge, il en est autrement des autres activités qui relèvent de la sphère productive marchande. Le projet industriel de la décennie 70 ayant lamentablement échoué, on assiste, à la faveur de la libéralisation, à la constitution de capitaux privés en quête de rentes et dont le principe de fonctionnement se résume à une règle simple : bâtir une relation spéciale avec l'Etat pour s'accaparer de manière directe ou indirecte une partie de la manne pétrolière. Cela est vrai des entreprises qui activent dans le domaine des marchés publics, mais aussi des entreprises industrielles dont le développement s'explique davantage par leur proximité des sphères du pouvoir que par un effort d'accroissement de leurs performances productives.
Dans le secteur productif, public ou privé, l'esprit de rente prédomine, bien qu'il ait manifestement changé de lieux et de formes d'expression. Loin de conférer à la rente pétrolière un nouveau statut, la libéralisation qui caractérise la trajectoire économique de ces deux dernières décennies n'a fait que conforter le statu quo. Ce dernier se reflète, pour ne prendre que cet indicateur, dans la part ridiculement faible de produits manufacturés dans les exportations. Le pays est devenu le lieu où prospère le secteur protégé (les services, la construction, les travaux publics…), secteur qui se développe grâce au recyclage des revenus pétroliers, à travers notamment les marchés publics, tandis que les activités manufacturières connaissent un déclin que rien ne semble, pour le moment, pouvoir arrêter. Il y a lieu enfin de ne pas perdre de vue que si le remède dont on vient de décrire sommairement quelques principes a un contenu économique, sa mise en œuvre est une tâche éminemment politique.
«La crise de la rente, écrit à ce propos D. Liabès, a une dimension politique-institutionnelle, parce qu'il s'agit, à travers les nécessaires arbitrages dans la répartition, de redessiner la configuration des principaux rapports sociaux, en d'autres termes, la transformation profonde et pour une période durable, des modes de régulation sociale». D. Liabès conclut son analyse en soulignant que la crise du régime rentier pose avant tout le dilemme du passage d'un système de légitimité à l'autre.


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