Passée l'euphorie de la victoire, le nouveau président sénégalais Macky Sall va devoir, dès cette semaine, se préparer à répondre aux immenses attentes de ses compatriotes vivant pour la plupart dans la pauvreté et à celles des politiques qui l'ont soutenu. Dans sa première déclaration publique après son succès, M. Sall a d'ailleurs compris que «l'ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite exprime l'immensité des attentes de la population, j'en prends toute la mesure. Ensemble, nous allons nous atteler au travail». Dans un entretien accordé à la presse à la veille de son élection, Macky Sall, plusieurs fois ministre, puis Premier ministre de Wade, avait indiqué avoir «plusieurs urgences», dont la «situation dramatique des finances publiques», «le règlement de la situation alimentaire préoccupante de plus de 800 000 Sénégalais» menacés de famine dans le nord du pays à cause de la sécheresse et la réduction du chômage qui dépasse les 40%. M. Sall a également cité le coût de la vie, le prix du carburant, les inondations dans les banlieues de Dakar, les coupures d'électricité et l'emploi des jeunes. Face à la pauvreté qui frappe une majorité des treize millions de Sénégalais sans emploi stable et dont beaucoup préfèrent partir clandestinement vers l'Europe, parfois au péril de leur vie sur des pirogues de fortune, une autre de ses priorités est de baisser les prix des denrées alimentaires de base. Il entend pour y parvenir revoir «très rapidement la gouvernance» pour «qu'on allège le fonctionnement de l'Etat», en réduisant en particulier les représentations diplomatiques du Sénégal et en baissant de moitié environ le nombre de ministres qui sont actuellement une quarantaine. Bien que le Sénégal possède la quatrième économie de la sous-région ouest africaine après le Nigeria, la Côte d'Ivoire et le Ghana, il fait cependant partie des pays les moins avancés (PMA), son économie est très tournée vers l'Europe et l'Inde. Ses principaux partenaires économiques sont la France, l'Inde et l'Italie. Comparé aux autres pays du continent africain, le Sénégal est très pauvre en ressources naturelles. Ses principales recettes proviennent de la pêche et du tourisme. Le secteur agricole emploie environ 77,5 % de la population sénégalaise. Cependant, la part du secteur primaire dans le Produit intérieur brut (PIB) ne cesse de décroître. Sa croissance annuelle de 1,2% ne suffit pas à subvenir aux besoins d'une population qui se développe deux fois plus rapidement. Le Sénégal importe les quatre cinquièmes du riz consommés dans le pays, alors que l'explosion des prix des produits alimentaires dans le monde a incité bon nombre de pays africains à accroître leurs productions vivrières. La diminution de la pluviométrie et la crise du secteur de l'arachide, principale culture de rente du pays ont réduit la contribution de l'agriculture à moins de 20% du PIB. La pêche qui reste un secteur-clé de l'économie familiale sénégalaise subit également les conséquences de la dégradation des ressources halieutiques (surexploitées par des multinationales européennes) et de l'augmentation récente de la facture énergétique. L'essentiel de la richesse produite se concentre dans les services et la construction et se localise à Dakar et dans sa périphérie.