Les partis politiques ont-ils respecté le contenu de la loi définissant les modalités d'élargissement de la représentation de la femme au sein des Assemblées élues ? Six jours après le dépôt des listes de candidatures, la promotion politique de la femme semble être un vœu pieux. Rares sont, en effet, les listes conduites par des femmes. Le Parti des travailleurs (PT) arrive en tête avec onze listes conduites par des femmes, dont celle de la capitale présidée par Louisa Hanoune, qui briguera ainsi un quatrième mandat à l'APN. Selon Ramdan Taâzibt, député du parti, «le PT a essayé de présenter des listes paritaires, et ce, dans des endroits où le choix était difficile». «Nous sommes, contrairement aux autres, un parti qui se bat pour l'égalité entre l'homme et la femme en ce qui concerne les candidatures. Dans la majorité de nos listes, il y a l'alternance entre homme et femme. Si la femme n'est pas placée en tête de liste, elle est très souvent en deuxième position, dans les 48 wilayas», explique-t-il, précisant que sur les 462 candidats, 46% sont des femmes. Le PT fait donc l'exception. Le reste des formations politiques ont réservé à la femme un classement qui, vraissemblablement, ne lui permettra pas d'accéder à l'Assemblée. C'est le cas notamment chez les partis islamistes. L'Alliance verte, composée du MSP, d'Ennahda et d'El Islah, n'a réservé aucune première place à l'élément féminin. Mais le MSP tente de défendre sa nouvelle coalition en affirmant «avoir présenté 152 femmes, alors que la loi parle seulement de 140». Même situation pour le Front de la justice pour le développement (FJD) de Abdallah Djaballah. Même s'il estime avoir respecté la loi, le FJD n'a pas trop favorisé les candidatures féminines. Le meilleur classement des femmes sur les listes du parti est réservé à la femme de Abdallah Djaballah, qui arrive septième sur la liste d'Alger. Pour Lakhadar Benkahlef, responsable au niveau du FJD, l'article 3 de la loi relative à la représentation des femmes ne fait aucune exigence aux partis concernant le classement des femmes sur les listes de candidatures. «Mais il faut savoir que si un parti remporte deux sièges au niveau d'une circonscription, le deuxième siège revient de droit à la femme, même si celle-ci est classée en queue de liste», précise-t-il. «Voici l'interprétation de l'article 3 que certaines formations qualifient de ‘‘flou'' et d' ‘‘ambigu''», ajoute-t-il, précisant que le FJD a présenté deux femmes têtes de liste. Le Parti de la liberté et la justice (PLJ) de Mohamed Saïd n'a présenté, quant à lui, que deux femmes têtes de liste dans les wilayas de Sétif et Tissemsilt. Dans cette dernière, la liste des candidats est composée exclusivement de femmes. «Un groupe de jeunes filles activant sur la scène sociale, notamment des associations, ont confectionné une liste que nous avons parrainée», souligne Mostafa Hamissi, chargé de communication du PLJ. «A Alger, la loi nous impose 14 femmes sur la liste, alors que nous, nous en avons présenté 17 et la première est classée en quatrième position», ajoute-t-il, soulignant que son parti a présenté 107 femmes sur les 311 candidats. De son côté, le Mouvement populaire algérien (MPA), de Amara Benyounes, a présenté cinq femmes têtes de liste, dont une sur la liste d'Alger. Il estime que son parti place la femme dans la majorité des listes restantes en seconde position. Le Front de libération nationale (FLN), qui traverse une zone de turbulences et une crise sans précédent, n'est pas encore fixé sur le nombre de femmes à mettre sur les listes de candidats. Contacté, le porte-parole du parti, Kassa Aïssa, a refusé d'avancer le nombre, estimant que les listes sont appelées à connaître des modifications… Le RND n'a pas fait mieux que les autres. Il n'a réservé la tête de liste qu'à une seule femme dans la wilaya de Béchar. Miloud Chorfi, chargé de communication du parti, estime que la femme occupe soit la deuxième, soit la troisième place dans la majorité des listes. «Sur 462 candidats, il y a 157 femmes», indique-t-il.