Même s'il est incontestable que les potentialités en ressources foncières et hydriques sont le déterminant de base de toute politique agricole, mais un équilibre effectif du marché des produits alimentaires demeure fortement conditionné par une cohésion solide et durable entre les différents maillons de la chaîne, en amont et en aval. Depuis l'approvisionnement en semonces et produits phytosanitaires jusqu'aux circuits de distribution du produit final, la stabilité doit être instaurée en permanence afin que le marché puisse être à l'abri des cycles de fluctuations et des flambées qui en résultent. Or, le marché national de produits alimentaires a du mal à en finir avec les vulnérabilités qui le caractérisent à ce niveau. En effet, la flambée du prix de la pomme de terre enregistrée ces dernières semaines n'est due qu'à des perturbations de cette nature même si que plusieurs interprétations ont été données à la crise du tubercule, dont le prix dans certaines régions du pays semble ne redescend pars de la barre des 100DA/kg. Si le ministre de l'Agriculture explique cette crise par la dégradation des conditions climatiques du mois de février dernier qui aurait empêché les récoltes et promet un retour à la normale en actionnant le fameux Syrpalac (système de régulation des produits agricoles de large consommation), des organisations professionnelles des acteurs de la filière rejettent en bloc l'argumentaire du MADR affirmant que le Syrpalac n'est qu'une illusion. La raison : Le produit n'est pas disponible dans les chambres froides pour le déstocker. Cette hypothèse n'est pas loin de la vérité, car, plusieurs opérateurs du stockage sous froid de Tizi Ouzou et Boumerdès ont avoué qu'ils sont en rupture de stocks en la matière. Dans ce cas, il faudra attendre les prochaines récoltes (avril ou mai) pour que le marché de la pomme de terre recouvre son équilibre. De leur côté, les agriculteurs se montrent plus alarmistes en n'excluant pas la persistance de ces perturbations durant les mois à venir en raison des semonces importées cette saison qui seraient de mauvaise qualité. En conséquence, les prochaines récoltes risquent d'être en deçà des attentes, mettent-ils en garde. En définitive, quels que soient les facteurs réels qui alimentent cette flambée, c'est le système de régulation, mis en place en 2008 dans le but de juguler l'effondrement des prix du tubercule et «préserver les intérêts des producteurs et des consommateurs», qui vient de montrer ses limites. Avant la pomme de terre, il y a eu la crise de la tomate, à la veille de chaque mois de Ramadhan, les prix des viandes enregistrent des hausses exceptionnelles, sans que le Syrpalac ne parvienne à amortir le choc. Du coup, il y a urgence à changer de stratégie.