Abdelaziz Belkhadem fait mine d'ignorer cette crise qui risque de l'emporter et refuse de parler à ses adversaires. Pendant que les autres partis politiques s'affairent à préparer la campagne électorale, le Front de libération nationale (FLN), lui, s'enfonce dans une nouvelle crise. Des membres du comité central opposés au secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, s'empressent à réunir les signatures nécessaires pour convoquer une session extraordinaire du comité central. Objectif : destituer Abdelaziz Belkhadem. Jusqu'à hier, ils ont pu obtenir 193 signatures. Il leur en faut 230 pour pouvoir convoquer une session extraordinaire de «l'instance souveraine du parti entre deux congrès». «Nous allons les obtenir dans les prochaines heures. Nous devons aller vers un comité central avant le début de la campagne électorale», nous a indiqué, hier, un des contestataires. Une cellule de suivi se réunit quotidiennement au siège du parti, dans un bureau aménagé juste au-dessous de celui du secrétaire général pour sensibiliser plus de militants à leur cause. «Nous agissons dans la légalité. Les statuts et le règlement intérieur nous permettent de convoquer une réunion extraordinaire du comité central quand les choses ne vont pas bien au parti», a précisé un membre actif de ce mouvement de contestation. Abdelaziz Belkhadem, qui était lui aussi au siège de son parti, fait mine d'ignorer cette crise qui risque de l'emporter et refuse de parler à ses adversaires. «Il n'a pas souhaité nous parler, mais gare à lui. Ses jours à la tête du parti sont désormais comptés», lance un membre du comité central. Et si Abdelaziz Belkhadem évite l'affrontement avec ses adversaires, il a cependant commencé à «couper les têtes». Hier, il a mis fin aux fonctions du directeur de l'administration du parti, Amar Frikha, ancien wali, accusé de «comportement irresponsable et de nuire au parti». Mais il ne fait que renforcer les rangs des contestataires. D'autres membres du comité central lancent «un mouvement de l'union et de réforme du parti». «Belkhadem a réussi à dresser tout le monde contre lui», fulmine un cadre du parti qui est passé du côté des opposants. Les appels au changement de la direction se multiplient et Belkhadem se trouve, de plus en plus, isolé. Abdelhamid Si Affif, député et membre de la direction du parti, a lancé, hier, un appel aux membres du bureau politique pour démissionner. «Compte tenu de l'évolution de la situation, je fais appel aux membres du bureau politique de démissionner pour permettre au comité central de se réunir pour désigner démocratiquement une nouvelle direction afin de préserver l'unité du parti et de sauvegarder nos chances pour les prochaines échéances si nous ne voulons pas assister à une déroute du parti. Nous devons nous dire la vérité», affirme le député de Mostaganem. La tempête dans laquelle se trouve le FLN peut lui coûter la place qu'il occupe sur la scène politique. «Toute action qui s'inscrit en dehors de la campagne électorale ne peut que porter préjudice au parti», a fait savoir le porte-parole du parti, Kassa Aïssi. Abderrahmane Belayat lui demande aux contestataires de «laisser passer cette période et de ne pas faire de cadeau aux adversaires du parti en créant une situation de crise». «Après les élections législatives, nous serons tous amenés à rendre des comptes», dit-il. Belkhadem réussira-t-il à sortir de ce tourbillon ?