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L'envers de la caricature
Publié dans El Watan le 19 - 02 - 2006

Dans le flot de paroles, écritures, manifestations, présentations visibles, audio-visuelles des caricatures dites « de Mahomet », pourrions-nous distinguer quelques îlots de pensées, lucidité qui nous permettraient de résister, ne pas faire naufrage, comme ce terrible ferry-boat au retour d'émigration du travail et du pèlerinage dans les terres saoudiennes de l'Islam ?
Pour ne pas rester fixer au poncif très exploité, rabâché, amplement répété comme un acquis de connaissance explicative « les musulmans et les juifs ne supportent pas la représentation de Dieu ou du Prophète », nous proposerions une autre explication à l'envolée dramatique, mondialement étalée, des manifestations qui se sont emparées du monde musulman. Et, curieusement, une interrogation de l'ancien président des Etats-Unis, BilI Clinton, rapportée par le journal Libération du 4 février pourrait bien nous mettre sur la voie de cette explication. Qu'est-ce que Bill Clinton a su dire ce jour-là, lors d'un forum économique : « Alors que va-t-on faire ? Remplacer les préjugés antisémites par des préjugés antimusulmans ? », faisant remarquer ainsi que de nombreuses et nombreux musulmans sont aussi des sémites ; et, ce que ces caricatures dites « de Mahomet » auraient porté serait une double condamnation, que l'on pourrait comprendre comme un double refus, celui de la laideur, d'une part, car qui supporterait d'être identifié à la laideur extrême, seule et absolue ? Et, d'autre part, en un paradoxe saisissant, être identifié à un chef, à un saint, à un tout et rien du tout, déchet humain désigné, porteur de la violence, de la haine, de l'agressivité, de l'antisémitisme et de la discrimination ambiante ? Dire « nous, les Occidentaux, nous sommes les garants de la liberté et de la démocratie » pourrait bien ressembler à une confiscation de ces biens culturels, universels, défendus par bien d'autres personnes que les « purs et simples Occidentaux », exclusifs, qui oublieraient que l'histoire récente du fascisme - et, restons dans notre histoire contemporaine commune - nous apprend que celui-ci se distingue par le détournement à son profit de la nécessité démocratique et a précipité l'Europe, et le monde, dans des guerres économiques, politiques, civiles, génocidaires, discriminantes et nationalitaires. Que sont ces « autres », non « occidentaux », même s'ils résident « chez nous » : « les Occidentaux » ; des « Blacks ? », des « musulmanes ? », des « musulmans ? », « des juifs ? », des « indigènes ? », des « colonisés ? ». Que seraient alors ces « Occidentaux ? », des « anti-musulmans ? », des « anti-juifs ? » des « anti-blacks ? », à leur tour devenus, ainsi, des représentations et des représentants identifiés à un apartheid démocratique ? Nul n'est à l'abri d'un tel retournement de l'exclusion - « nous, les Occidentaux et les autres ? » - qui se présente sous une forme identitaire oublieuse d'un totalitarisme, indice d'un mauvais goût qui caractérisa, précisément, l'antisémitisme. Serions-nous au bord d'un « double antisémitisme », comme semble l'indiquer Bill Clinton, et d'une laideur génocidaire actuelle qui l'emporterait, l'a déjà emporté, tout récemment en Bosnie, risque de l'emporter au Darfour, en Côte d'Ivoire, l'a emporté au Rwanda, pour un temps, comme elle faillit l'emporter en Europe sur la civilisation et ses progrès ? Les « caricatures dites de Mahomet » ne seraient plus des caricatures d'artistes inventant ou réinventant le domaine, l'art de la caricature, comme ce fut le cas de Daumier, comme l'interpréta Baudelaire en son temps, témoignages d'artiste et de vrai libre penseur, mais des caricatures de notre temps, à propos de la laideur, de l'horreur, du meurtre, de l'impunité, l'ignominie, et, tout aussi bien, l'indignation. Leurs mérites seraient de nous prévenir que les progrès dans la civilité et la civilisation, le droit, les arts, les découvertes et les représentations se jouent, se lisent, s'entendent, se voient dans les productions d'images et leurs commentaires, précisément là où les extrêmes se mêlent. Ce que produit l'image est un rapport à l'altérité en un triple mouvement de reconnaissance d'altération, de négation présence de la mort, du cynisme, de l'indifférence, ou altération de la beauté, du corps, de l'amour, de la pensée et de la vie. Ce que les musulmanes et les musulmans refusent, et ils ne sont pas les seuls, c'est non pas l'irreprésensable - l'homme Mahomet ayant toujours été représenté, bien sûr, d'une certaine façon - c'est d'être identifiés, mis à cette place de mort, d'horreur, de bêtise et de massacre de la vie ; et l'insuportable de ces caricatures seraient, en somme, une représentation actuelle de laideur.

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