«Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le parquet a même demandé sa relaxe! Il faut dire que le plaignant est Arabe! Ce n'est pas tout: il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit!» Siné Voilà l'objet du délit qui fait que Siné le dessinateur iconoclaste a été viré du journal Charlie Hebdo. Pour comprendre cet acte a priori incompréhensible, il faut descendre aux abysses et comprendre ce qui s'est passé en décrivant l'atmosphère de chape de plomb qui pèse sur toute intelligence qui veut s'affranchir du diktat des bien-pensants en France d'obédience israélienne en France et qui font de l'impunité d'Israël, sur le terrain et dans le discours, un combat de tous les instants au point de traquer tout ce qui se dit sur les Juifs et Israël. Naturellement on ne doit en parler qu'en louanges, en choisissant bien les termes, sinon on s'expose à la grosse artillerie. Souvenons-nous de l'abbé Pierre qui eut le malheur de dire que l'extermination a été mise en oeuvre par le peuple juif dans le Livre de Josué et qui fut même contraint de renier son amitié pour Roger Garaudy, mis au ban pour ses positions anti-israéliennes par la grosse artillerie. Souvenons-nous de Pascal Boniface, directeur de l'Institut des relations qui eut la maladresse d'écrire un papier où il s'interrogeait: «Peut-on critiquer Israël?». La liste est longue,la dernière victime fut un sous-préfet, normalien, qui écrivit sur le site «Oumma.com» que les snipers israéliens prenaient pour cibles des enfants palestiniens. Il fut relevé de ses fonctions en 48 heures... Le comédien Dieudonné a littéralement été descendu en flammes et n'a plus de visibilité médiatique... «Chacun» est tenu de dépister tout ce qui peut remettre en cause le discours ambiant: les Arabes sont antisémites; l'holocauste ne doit pas être remis en cause sous peine de prison, Israël a le monopole du génocide, il est l'avant-garde occidentale, espace de tolérance constamment attaqué, qui doit se défendre, au besoin, en tirant sur un Palestinien à terre comme l'a montré la dernière vidéo. Pour cela, et au risque de s'attirer les foudres de tous les médias tenus en respect. Point d'orgue et comble d'ironie, on se souvient de l'affaire du RER, une mythomane se déchire la robe et se lacère et attribue cela aux beurs. Dans l'heure qui suit tout le landerneau français, Jacques Chirac en tête a réagi par allégeance: «Celui qui touche, dit-il, à un cheveu d'un Juif, touche à la République». Ce fut un canular, les beurs diabolisés n'eurent jamais droit aux excuses pour avoir été injustement. accusés. La chasse aux sorcières Dieudonné, écrit Taiké, est devenu un paria dans les médias suite à un sketch maladroit (mais qui sur le plateau de Fogiel n'avait choqué personne), où il jouait un colon israélien invitant les jeunes des banlieues à rejoindre l'Axe du Bien, «l'axe américano-sioniste», concluant sa tirade par un très dérangeant «Isra-heil», le salut hitlérien. Très vite, le thème du «deux poids, deux mesures» a émergé. Dieudonné avait, en effet, déjà égratigné toutes sortes de communautés, dont les chrétiens et les musulmans (souvenons-nous de «la fine équipe du 11»), mais c'est son sketch (pas drôle pour une fois) sur un extrémiste juif qui lui valut tous ses ennuis, le début du lynchage, et de nouveaux «dérapages». Il y eut ainsi ces mots, qualifiant les fanatiques qui vinrent un soir agresser son public et le traiter de «sale nègre»: «Ce sont tous ces négriers reconvertis dans la banque, dans le spectacle et aujourd'hui dans l'action terroriste...» Dieudonné fut sommé, constamment par la suite, de s'excuser, de se repentir. Non pour ses attaques passées contre les «Français racistes» ou les «musulmans terroristes», mais contre les «extrémistes juifs».(1). «Au moment où Charlie Hebdo, appuyé par Bernard-Henri Lévy et toute l'intelligentsia, défendait la liberté d'expression face à la menace de ´´l'islamo-fascisme´´, la libre caricature des religions au nom des Lumières et de Voltaire, au moment aussi où cette même intelligentsia prenait unanimement la défense de Robert Redeker critiquant fermement l'Islam, au risque, disait-on, de dire de grosses bêtises, eh bien, dans le même espace-temps, Dieudonné M'Bala M'Bala ne trouvait aucune circonstance atténuante et devait expier ses fautes, devant supporter la censure, l'interdiction de ses spectacles et les accusations d'antisémitisme, par les mêmes qui dénonçaient le chantage à l'islamophobie dans le procès des caricatures de Mahomet».(1) «La diabolisation fonctionnait à plein régime. Les agressions dont était victime l'humoriste étaient minimisées, voire tues, lorsque ses débordements verbaux étaient, eux, surmédiatisés. Le rapprochement spectaculaire avec Le Pen de ces derniers jours, n'est pas là pour faire s'estomper cette diabolisation... Claude Askolovitch ayant déjà interprété cette union par la haine des Juifs, commune aux deux hommes... Le ´´deux poids, deux mesures´´ est de nouveau criant dans l'affaire Siné. Le caricaturiste de Charlie Hebdo vient en effet d'être viré de son canard par Philippe Val, au prétexte qu'il aurait commis un texte antisémite. Le ´´méfait´´ de Siné paru le 2 juillet 2008 dans Charlie Hebdo, sans que Val (remarquons-le) n'y impose son veto: C'est Claude Askolovitch, - du Nouvel Observateur, NdR- le 8 juillet sur RTL qui, le premier, a crié à l'acte antisémite, n'omettant pas au passage de traiter Siné d'ordure... Pour réussir dans la vie, mieux vaut être juif: telle est l'interprétation de ce petit texte qu'a faite le journaliste politique. Mais voilà, tout le monde ne fait pas la même interprétation, à commencer par Siné, qui prétend dénoncer uniquement l'arrivisime et l'opportunisme d'un jeune homme qui, pour épouser une milliardaire, abjure sa religion et se convertit à une autre».(1) Eric Martin, Benoît Delépine et Lefred-Thouron, à l'initiative d'une pétition pour soutenir le dessinateur de Charlie, partagent la même vision: «Où est l'antisémitisme dans le texte de Siné? Il y dénonce seulement, avec le ton fleuri qui est sa marque de fabrique, l'opportunisme du fils du président de la République.» Même jugement de la part de Gisèle Halimi: «La direction de Charlie Hebdo vient de licencier brutalement [Siné]. Motif allégué: propos antisémites. A la lecture attentive de ses quelques lignes, je suis en mesure d'affirmer - en spécialiste du droit de la presse - qu'il ne s'agit que d'un prétexte; un procès pour antisémitisme n'aurait guère de chances d'aboutir. Cette opération participe donc des procès en sorcellerie qui se multiplient aujourd'hui pour maintenir une psychose du juif persécuté.» Elle n'oublie pas de dénoncer le fameux «deux poids, deux mesures»: «Charlie Hebdo s'est toujours posé en champion de la liberté d'expression. Rappelez-vous le tonitruant procès mis en scène, filmé, supermédiatisé des caricatures de Mahomet. Aujourd'hui il porte à cette liberté un coup terrible en tentant de museler Siné-le-libertaire.»» (1) «Mais si Philippe Val distingue dans les lignes de Siné de l'antisémitisme, il n'a bizarrement pas perçu d'islamophobie dans ces autres lignes, elles aussi signées Siné, et parues le 11 juin dernier dans Charlie Hebdo: «Je n'ai jamais brillé par ma tolérance mais ça ne s'arrange pas et, au risque de passer pour politiquement incorrect, j'avoue que, de plus en plus, les musulmans m'insupportent et que, plus je croise les femmes voilées qui prolifèrent dans mon quartier, plus j'ai envie de leur botter violemment le cul! [...] Leurs maris barbus embabouchés et en sarouel coranique sous leur tunique, n'ont rien à leur envier au point de vue disgracieux. Ils rivalisent de ridicule avec les juifs loubavitchs!» (1) Comment comprendre cette différence de traitement? de perception? Comment être aveugle à une attaque anti-musulmane et hyper-sensible à une saillie anti-juive? On peut aspirer à voir tous ces «débordements» réprimés, ou, au contraire, tolérés, selon que l'on est un tenant de la liberté d'expression totale ou, à l'inverse, encadrée. Les deux positions se défendent. Mais il ne paraît pas juste de tolérer ou non une attaque, une pique, selon qu'elle est destinée à une «communauté» ou à une autre. La «judéomanie» est un concept qui a été inventé par un jeune intellectuel, Jean Robin et qui semble pouvoir rendre compte du phénomène observé dans les affaires Dieudonné et Siné. Telle est la définition qu'en donne son auteur: «La judéomanie est l'admiration outrée pour la communauté juive, qui génère de l'antisémitisme par retour de boomerang. En d'autres termes, la judéomanie permet de qualifier la discrimination positive dont la communauté juive est l'objet en France, et comment ce qui peut a priori apparaître comme un privilège se révèle en fait être un piège pour les juifs de France.» Robin a d'ailleurs illustré sa trouvaille conceptuelle avec une déclaration de Philippe Val durant l'affaire des caricatures de Mahomet...»(1)(2) On le voit Siné, qui au passage a défendu la Révolution algérienne, a signé le manifeste des 121, a même, semble-t-il, dessiné le sigle de Sonatrach, comme rapporté dans Algérie News, n'épargne personne. Imprudent qu'il était, il aurait dû, malgré ses cheveux blancs, comprendre qu'il ne faut pas toucher aux «intouchables» La seule réponse explicative appropriée au problème évoqué est tout simplement qu'en France, en ce début de XXIe siècle, pour la première fois de son histoire, la dénommée 'élite' (politique, médiatique, économique, artistique) est désormais composée, dans sa majeure partie, de membres de la communauté juive... La communauté juive a toujours été influente, mais jamais à ce point. Il est difficile de critiquer aujourd'hui un juif sans être taxé d'antisémitisme en effet. On vient de recréer la caste des intouchables. L'islamophobie galopante Pierre Tevenian nous explique le comportement de Philippe Val en face des deux situations: l'agression verbale jusqu'à l'insanité concernant l'Islam, par sa défense de Rodecker soi-disant menacé par les islamistes pour avoir dans un article insulté le Prophète et l'Islam et sa complète soumission la plus abjecte vis-à-vis du lobby juif. Reprenant la définition d'Albert Memmi, il écrit: «Le racisme est une valorisation généralisée et définitive de différences réelles ou imaginaires, au profit de l'accusateur et au détriment de sa victime, afin de légitimer une agression ou des privilèges.» Philippe Val, le très médiatique et pontifiant patron-éditorialiste de Charlie Hebdo, est, purement et simplement, un raciste. Philippe Val sait peser ses mots.... S'agissant de son islamophobie, il cite un texte: «C'est imprimé dit-il,, noir sur blanc, dans le Charlie Hebdo, le 5 janvier 2005: «[Les otages français, Christian Chesnot et George Malbrunot] ont été enlevés par des terroristes islamiques qui adorent égorger les Occidentaux, sauf les Français, parce que la politique arabe de la France a des racines profondes qui s'enfoncent jusqu'au régime de Vichy, dont la politique antijuive était déjà, par défaut, une politique arabe.» Pour que cette phrase insensée signifie quelque chose, il faut admettre un postulat raciste: le postulat selon lequel les Arabes, en bloc, sont antisémites par nature. Dans cette hypothèse, même si aucun Arabe n'est ni auteur, ni incitateur ni demandeur d'une politique antijuive, ladite politique n'en est pas moins une «politique arabe» dans la mesure où elle ne peut que remplir de joie cette masse assoiffée de sang juif qu'est «le monde arabe». En résumé: «politique arabe» ne signifie, chez Philippe Val, rien d'autre que «politique antisémite». (3) Comment marche cette «mécanique de la traque, de l'admonestation voire de la diabolisation, l'un des rouages les plus efficaces- hormis tous les intellectuels aux bons postes et le maillage des médias lourds, est le CRIF? Ainsi depuis plus de vingt ans, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), convoque chaque année le pouvoir politique français pour l'admonester et lui adresser quelques rares satisfecits dans un océan de reproches. Mais au fil des ans, le tranquille dîner s'est transformé, selon l'expression utilisée par Alain Finkielkraut, en un véritable «tribunal dînatoire». Le Crif sait qu'il joue sur un amalgame qui fonctionne bien en Europe et particulièrement en France: toute critique d'Israël est un acte antisémite. Certains trouvent cela «normal», «l'attachement à Israël faisant partie de l'identité juive», On est d'abord Juif avant d'être Français. Pour l'histoire et pour l'honneur du peuple juif, il faut attester que tous les Juifs ne se reconnaissent pas dans cette organisation, alliée zélée d'Israël. Cependant, son pouvoir est redoutable, par ses réseaux, ses lobbyings, ses sympathisants et tous ceux et celles qui veulent être adoubés par elle, elle exerce un impérial pouvoir sur les médias. Le Crif a littéralement le droit de vie et de mort - politique ou médiatique ou social- sur tous ceux qui se hasardent à critiquer ne serait-ce que timidement. (4) Tout y est: Israël est une nation qui appartient à la civilisation qu'il faut défendre même si pour cela la France y perd son âme. Rien à voir avec la politique «arabe» de la France magistralement exprimée par De Gaulle. Ecoutons le: «... Une fois mis un terme à l'affaire algérienne, nous avions repris avec les peuples arabes d'Orient la même politique d'amitié, de coopération, qui avait été pendant des siècles celle de la France, dans cette partie du monde et dont la raison et le sentiment font qu'elle doit être, aujourd'hui, une des bases fondamentales de notre action extérieure (...) À la faveur de l'expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître en effet un Etat d'Israël guerrier et résolu à s'agrandir. Ensuite, l'action qu'il menait pour doubler sa population par l'immigration de nouveaux éléments, donnait à penser que le territoire qu'il avait acquis ne lui suffirait pas longtemps et qu'il serait porté, pour l'agrandir, à utiliser toute occasion qui se présenterait. C'est pourquoi, d'ailleurs, «la Ve République s'était dégagée vis-à-vis d'Israël des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noués avec cet Etat» et s'était appliquée, au contraire, à favoriser la détente dans le Moyen-Orient». Plus encore, lors de la même conférence, il exprimait l'inquiétude que «les Juifs, jusqu'alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles».(5) Assurément, La France, reniant ses principes, deviendra de plus en plus sectaire et glisse dangereusement vers l' intolérance. Au-delà de l'épisode Siné, les musulmans risquent de connaître le sort des Juifs de la première moitié du XXe siècle. 1.Taïké Eilée: Affaires Dieudo-Siné: flagrants délits de judéomanie? Agoravox 19 07 2008 2. Jean Robin: La Judéomanie: Interview, l'Observatoire du Communautarisme 28 08 2006 3. Pierre Tevanian: Philippe Val est un raciste, Preuve à l'appui Alter Info: 21 07 2007 4.C.E. Chitour: Le Crif Tutelle sur la politique de la France, L'Expression Janvier 2008 5. Charles de Gaulle: Elysée: Conférence du 27 novembre 1967.