Faisant annexe de la commune d'El Khroub créée pendant les premières années de la colonisation, le 6 août 1859, qui fût érigée en canton par décret impérial le 28 mars 1863, la commune d'Ouled Rahmoune (appelée aussi Rahmounia) a été instituée par arrêté préfectoral du 8 octobre1869. Les territoires de cette petite commune agricole perchée sur une colline appartenaient aux colons et aux propriétaires terriens autochtones. Le découpage administratif de 1984 en a fait une commune qui regroupe deux localités. Bounouara située sur l'axe routier (Constantine -Guelma) est réputée, outre sa vocation agricole, pour ses carrières d'agrégats et une partie de la zone industrielle Tarf où se trouve les complexes GPL et CLP de Naftal, Edimel etc et la ligne ferroviaire Guelma-Annaba (coupée durant la guerre 1958). El Gourzi est situé sur la route nationale (Constantine- Aïn M'lila-Batna) et le croisement de la ligne des chemins de fer menant vers Alger et Biskra-Touggourt. Cette dernière agglomération qui vient de sortir de l'anonymat à la faveur de la récente révolte de sa population, « est dépourvue de tout projet générateur d'emploi », nous informe Saâd, un originaire de la contrée dont « l'activité économique se limite à la ferme agricole Baâziz Belgacem qui recrute essentiellement des gens venus du Sud », ajoute-t-il révolté par la marginalisation subie par la population de la part de l'APC. A ce propos, El Gourzi a échappé à l'emprise de l'intégrisme et du terrorisme au moment où la population d'Ouled Rahmoune était en majorité embrigadée sous la bannière du Nahda devenu Islah. « Les habitants ont voté FLN / RND non pas par conviction politique pour ces partis du système, mais par opposition aux islamistes », raconte Hamza qui explique leur marginalisation par les élus comme une « revanche politique à prendre, ravivée par la jalousie due à l'équipe de football ES El Gourzi qui occupe la première place dans le classement, contrairement au SC Ouled Rahmoune ». Les habitants de cette localité ne sont guère « mieux servis par les élus qui se sucrent bien sur notre dos », renchérit un fils de cordonnier. La personne qui a voulu s'immoler récemment n'est autre qu'un travailleur de la commune ayant fait l'objet d'un licenciement. Depuis le contournement via la voie express, Ouled Rahmoune est devenu un village agonisant et ses habitants ne scrutent plus les véhicules qui passent pour tuer le temps . La drogue est consommée beaucoup plus par les jeunes d'El Gourzi que ceux du chef-lieu qui se distingue, en revanche, par un nombre de vols et d'agressions plus élevé. L'âge du célibat a reculé pour atteindre 50 ans dans des familles nombreuses qui ont des difficultés à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. « Les taux des maladies psychiques se sont accrus en raison de la misère et du dénuement extrême », nous dit Hamza, en nous montrant du doigt un passant dépressif comme pour confirmer ses dires. Les habitants du « Couminel » d'El Gourzi craignent les crues et les éboulements de la gadoue lors des intempéries tout comme ils sont privés d'eau potable. Pourtant, El Fesguia, la source qui alimente toute la daïra, se trouve à quelques pas de leurs habitats précaires. La discrimination sociale existe. L'onde de la révolte des habitants d'El Gourzi ne s'est pas pour autant estompée après les promesses des autorités. Elle semble exprimer un sentiment profond de leur longue marginalisation. Le prétexte de la coupure d'électricité ayant été à l'origine du blocage de la route nationale, la semaine dernière, n'est qu'un simple signal d'alarme qui exprime le ras-le-bol à cause de la misère hideuse qui hante le quotidien de ces habitants. « Le chômage constitue notre première préoccupation avec le gaz de ville, le logement et le transport », ajoutent Mounir et Samir qui dénoncent le gaspillage des deniers publics. La construction d'une placette avec un coût de 7 millions de dinars les fait rire. Lors du conclave organisé par le wali au centre culturel M'hammed Yazid d'El Khroub en présence des élus et la société civile, le chef de l'exécutif a reproché aux élus d'Ouled Rahmoune l'absence des représentants de la localité d'El Gourzi. Un jeune investisseur a exprimé au wali que « le maire l'a hypothéqué auprès de la banque par sa fausse promesse d'une convention dans le créneau du transport ». La population de la commune d'Ouled Rahmoune attend avec impatience la visite du wali « pour se débarrasser de leurs élus qui leur ont tourné le dos », concluent -ils. Pendant ce temps, les vieilles pratiques du parti unique reviennent. Des travaux de replâtrage des nids-de-poule et le badigeonnage des abords de trottoirs vont bon train alors que le wali se dit informé de tout ce qui se passe dans sa wilaya. Que faire alors ?