Les prix des fruits et légumes, qui connaissent une flambée sans précédent, risquent de connaître une nouvelle hausse la semaine prochaine. Les mandataires vont geler leur activité «progressivement» dans tous les marchés de gros de la région Centre. Après le blocage de toute activité au marché de Bougara (wilaya de Blida) à travers une grève ouverte qui a causé une hausse de 50%, voire de 100% des prix des légumes et des fruits, samedi prochain, le marché des Eucalyptus sera bloqué par le même mouvement de protestation, révèle Achour Mustapha, président de la Fédération des commerçants de fruits et légumes. La grève des mandataires, qui concernera progressivement tous les marchés de gros du Centre, a pour but de dénoncer l'emprise de l'informel sur tous les espaces de vente et l'anarchie régissant les pratiques commerciales «en l'absence de l'Etat». «Nous réclamons une meilleure organisation du marché. L'informel étouffe le marché des fruits et légumes. Les commerçants sont pénalisés par les charges qui augmentent régulièrement. Ils font face à une concurrence déloyale des grossistes informels qui bloquent les accès aux structures marchandes. Ces vendeurs informels ne sont même pas inquiétés ni par les contrôleurs ni par les services de sécurité», se plaint le mandataire en colère. Les mandataires rejettent également le contenu du nouveau cahier des charges auquel ils doivent se soumettre. «C'est aberrant, pour le marché de Bougara, à titre d'exemple, l'APC a augmenté de 600% les frais d'exploitation, c'est inacceptable», lâche M. Achour. La hausse des prix est donc la nouvelle menace sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Cette hausse est appelée à persister durant plusieurs semaines en l'absence de réaction du ministère du Commerce «qui a ignoré nos alertes et nos appels à l'intervention pour faire face à cette anarchie», soutient le représentant des commerçants. Plusieurs secteurs de l'activité commerciale échappent totalement aux règles du marché. La pomme de terre «réservée» pour la Tunisie «Certains produits n'entrent même pas au marché, telle la pomme de terre, sur laquelle l'informel pratique une totale emprise», s'alarme M. Achour qui tire la sonnette d'alarme sur les pratiques illégales qui provoquent des augmentations inexpliquées des prix des légumes et autres produits de large consommation. Selon notre interlocuteur, les intermédiaires ne prennent même pas la peine de passer par le marché ; ils exercent leur monopole dur ce féculent très demandé. Dans les marché de gros, la pomme de terre est absente, les agriculteurs la cèdent au plus offrant à des spéculateurs qui préfèrent l'écouler dans l'informel ou ailleurs. Certains commerçants assurent que des quantités importantes sont écoulées aux frontières et acheminées vers la Tunisie. La Fédération des mandataires préfère souligner que la destination de la pomme de terre reste inconnue, du moment qu'elle échappe totalement aux règles du marché. Privé des fibres et des vitamines des fruits et légumes, le consommateur algérien devra trouver un substitut de protéines. Le poulet – la viande principalement consommée par les ménages algériens – connaîtra, à partir de la semaine prochaine, une perturbation d'approvisionnement. La Société des abattoirs du Centre (SAC) est secouée par un mouvement de protestation pour des revendications sociales ; les travailleurs préparent une grève dans toutes les unités. Cette société publique est le principal fournisseur de services d'abattage de volaille pour les régions du centre du pays. Le marché de la volaille risque d'être ébranlé par cette grève, dont la date sera annoncée de samedi, apprend-on auprès des syndicalistes de la SAC.