En termes de volume marchand et de diversification de niveau de qualité des produits, c'est au marché de Bougara que revient la palme. En effet, à Rovigo, le plus grand marché de gros de fruits et légumes en Algérie, peu importe l'heure du jour ou de la nuit, on ne dort jamais. Chaque nuit, dès 3h du matin, des milliers de tonnes de produits frais passent de main en main. Autre particularité de ce marché : dès qu'il y a un début de tension sur un produit, c'est au marché de Bougara que l'on peut découvrir les premiers effets, selon des mandataires au fait des tendances de prix dans beaucoup de marchés de gros du pays. Mais, malheureusement, se statut acquis par ce marché de gros n'en fait pas un modèle de gestion. Il suffit d'une visite sur les lieux pour constater l'ampleur des dégâts. La première constatation est que grossistes, livreurs-collecteurs, mandataires, détaillants, commerçants ambulants et charretiers ne sont soumis à aucune règle de bon usage des lieux. Ils n'en font qu'à leur tête, encouragés, certes, par les responsables des lieux, lesquels ne leur demandent en réalité que de s'acquitter de leur location ou de l'accès. Avec une chaussée complètement défoncée, les 5 ha du marché ressemblent à tout sauf à un marché de gros de fruit et légumes. Dans les allées étroites du marché, où toute circulation est impossible, les charrettes viennent s'ajouter au défilé de camions. Le laxisme de l'entreprise gérante du marché fait que plus du tiers des commerçants qui fréquentent ce marché est des revendeur. Ils attendent les agriculteurs à l'extérieur du marché, ils achètent les fruits et les légumes, majorent le prix et les revendent dans l'enceinte du marché. Cette pratique fait la part belle à l'informel au bonheur des fellahs qui affirment être en droit de vendre leurs produits en toute liberté et à qui ils veulent, commerçants et autres. Pour expliquer leur attitude, ils nous expliquent que se sont les mandataires qui tirent profit de la situation, puisque les fellahs ne sont pas payés lors des livraisons, mais plus tard. Lors de notre visite, les prix étaient, d'après les habitués, abordables. 30 DA le kilo de pommes de terre. Cependant, la qualité des produits n'est pas tout le temps présente ou ne fait pas l'unanimité, le calibrage n'est pas de règle, l'hygiène est complètement absente. Cela n'a pas empêché de nombreux détaillants que nous avons rencontrés d'affirmer que le collecteur-livreur habitué du marché de Rovigo paraît moins exigeant sur le bénéfice à tirer de sa cargaison. D'ailleurs, ils affirment qu'ils préfèrent s'approvisionner dans ce marché car “ici, le prix de gros est plus raisonnable”. Les clients, venus de l'intérieur du pays, étaient, également, satisfaits des prix. Ils expliquent, par ailleurs, que ce n'est que l'accalmie qui précède la tempête. Avec l'arrivée du mois de Ramadhan, dans quelques semaines, la mercuriale s'affolera immanquablement. Une situation qui relancera le débat sur les responsables de la hausse des prix. Pour certains, ce sont les agriculteurs qui seront derrière les hausses des prix. De leur côté, les exploitants agricoles s'étonneront de voir leur production s'écouler sur les marchés de gros à des prix nettement supérieurs à ceux de leurs transactions avec les collecteurs-livreurs. En d'autres termes, les détaillants cibleront les mandataires, lesquels rejetteront la balle aux producteurs.