Invitée du forum hebdomadaire Mawid Maâ Kalima (rendez-vous avec la parole) de l'Office national de la culture et de l'information, hier après-midi à la salle Atlas d'Alger, la moudjahida et sénatrice Zohra Drif-Bitat a réagi aux propos pamphlétaires frontaux du philosophe français Bernard Henry-Levy à son endroit. Une réponse au pamphlet signé Bernard Henry-Levy (BHL) publié dans le magazine Le Point (daté du 5 avril 2012) intitulé Quand l'Algérie, comme la France, regardera son passé en face…. Et ce, après que Mme Zohra Drif-Bitat et B. Henry-Levy aient participé au colloque organisé par Marianne et El Khabar, la semaine dernière à Marseille, sur le thème «La Guerre d'Algérie, 50 ans après». Mme Zohra Drif-Bitat ripostera, en présence d'un aréopage formé notamment par Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, des moudjahidine, des intellectuels et des journalistes : «Oui, je l'ai lue (la chronique, ndlr). C'est le papier de quelqu'un de rongé par la haine et un désir irrationnel de vengeance. En fait, dans ce prêche de la haine, il y a trois parties. Une première partie se résume en des insultes, des insanités envers ma personne, mais, plus graves encore l'ensemble des moudjahidine de l'ALN et de notre peuple. Je veux interpeller les organisateurs de ce colloque sur un problème de déontologie. Sont-ils d'accord pour que ce prêcheur de haine s'approprie et colonise un débat ? Et ne pas hésiter à en faire un compte-rendu mensonger et insultant ? La deuxième partie de ce prêche est l'asymétrie infamante entre le colonisé et le colonisateur. La troisième partie, c'est le dépit et le désespoir de quelqu'un qui a tout fait pour faire vivre à l'Algérie d'aujourd'hui ce que lui et ses maîtres ont fait vivre et font vivre à la Libye. La réponse ? C'est que le peuple algérien d'aujourd'hui sort d'une matrice qui s'appelle la Guerre de Libération nationale. Oui, les Algériens sont attachés à la souveraineté de leur pays. Parce qu'elle ne leur a pas été offerte… Le peuple algérien l'a arrachée en acceptant d'en payer le prix d'un million et demi de martyrs.» Dans l'éditorial de BHL, on peut lire en substance : «Zohra Drif, hiérarque du régime Bouteflika qui fut, dans sa jeunesse, une militante du FLN doublée d'une terroriste restée dans les annales par l'attentat dit du Milk Bar où, le 30 septembre 1956, furent atteints – morts ou blessés – plusieurs dizaines de femmes, enfants et civils innocents… L'Algérie combattante n'eut-elle pas, comme vient nous le rappeler, ce matin, l'obtuse, glaçante et impénitente Zorah Drif, sa part d'ombre ? Je pense à ce régime de parti unique, fauteur de trouble et de misère, dont les crimes du colonialisme sont l'éternelle excuse.» Aussi, Mme Zohra Drif-Bitat a adressé un appel solennel pour le lancement d'un manifeste sur facebook contre une certaine «colonisation autrement» qualifiée d'insidieuse. «Allons-y ! Faisons autrement. Notre indépendance est indétrônable ! Et ce, ensemble, avec les intellectuels, les journalistes, les historiens, les penseurs, les jeunes, les associations… Un manifeste civique, citoyen. Organisons-nous ! Défendons notre mémoire ! Nous sommes responsables de l'avenir de l'Algérie…»