En Algérie, des walis prennent une part très active dans le quotidien des clubs de football à travers leur implication directe dans le financement de ces derniers. Ces temps-ci, le phénomène a pris une ampleur rarement égalée. Ces commis de l'Etat rivalisent dans le déliement des cordons de la bourse au profit de clubs touchés par une bien curieuse et générosité sélective. La chose aurait été admise si la règle était appliquée sur toute l'étendue du territoire. Ce n'est malheureusement pas le cas. Cette injustice à l'égard des «oubliés» doit cesser ! Les walis qui volent au secours des clubs ne rendent pas, en définitive, service au football. Au contraire leurs gestes et actions en direction de ces derniers ne répondent à aucune logique ou stratégie de mise en œuvre de solutions appropriées pour aider les associations sportives à se développer sainement. Cette manne puisée dans les caisses des contribuables de certains clubs accentuent la fracture au sein même de la famille du football qu'ils divisent plus qu'ils n'unissent. Ils sont à l'origine d'un profond malaise que des voix s'élèvent pour dénoncer. Alors que des clubs sont pratiquement à l'article de la mort, asphyxiés par les dettes et qui risquent de disparaître à tout moment, d'autres ont la chance et le bonheur d'être «soulagés» au plan financier par la «générosité» des walis qui piochent dans le trésor public pour voler au secours de leurs protégés.C'est injuste et inéquitable. «On ne prête qu'aux riches», dit le dicton. Les clubs les moins nantis le vérifient dans leur chair. Les walis ont-ils le droit, et au nom de quelle logique interviennent-ils pour éponger les dettes de clubs ? Dans leur wilaya, il y a des citoyens plus nécessiteux que les joueurs de football du coin, des jeunes sans emploi, désœuvrés, qui ne demandent qu'une petite aide aux autorités pour lancer des projets qui transforment leur vie. Car l'opinion publique admet généralement que ces subventions données aux clubs, c'est de l'argent jeté par les fenêtres, de la dilapidation des deniers. Plus grave, les ordonnateurs n'exercent même pas le pouvoir de contrôle que leur confère la loi. Pour faire passer la pilule, ils justifient leurs actes par l'appréhension et la crainte de «troubles à l'ordre public» que risquerait de provoquer la grogne des supporters. Cette politique aléatoire renforce le sentiment qu'en Algérie existe «des républiques du football». Les unes riches par le bon vouloir des walis, les autres pauvres par l'indifférence des pouvoirs publics. La tendance qui existe depuis des années s'est accentuée depuis l'avènement du professionnalisme. Des walis portent, désormais, l'habit de mécène et n'hésitent pas à voler au secours d'une SSPA non pas pour améliorer les installations et autres infrastructures, les conditions d'accueil des supporters au stade, la rénovation des vestiaires, de créer aux alentours du stade des zones de parking, de susciter à l'intérieur des enceintes sportives des espaces de restaurations et les sanitaires, d'aider le club à moderniser son outil de travail, mais uniquement pour retarder la faillite inéluctable des SSPA. Les milliards que les walis «offrent gracieusement» à certains clubs professionnels sont en définitive une prime à leur clochardisation rampante, à la corruption au profit des apprentis sorciers encouragés par les promoteurs des «républiques du football». Ces walis ne sont en définitive pas en train de rendre service au football et à la jeunesse. Bien au contraire !