L'Union européenne (UE) a perçu un certain «espoir» en Algérie pour le scrutin du 10 mai, quatrièmes élections législatives pluralistes depuis l'indépendance du pays. D'où la décision d'envoyer, pour la première fois, une mission d'observateurs de 160 membres en Algérie à l'invitation des autorités algériennes. Menée par l'Espagnol José Ignacio Salafranca Sanchez-Neyra, député du Parti populaire européen (PPE) chargé de suivre le Printemps arabe au niveau du Parlement européen, la mission d'observation électorale séjournera au-delà de la date du vote. «Notre présence ici répond à l'importance que l'UE accorde à ses relations avec l'Algérie, un partenaire stratégique. Cela s'inscrit aussi dans le contexte de notre politique de voisinage. Le but de la mission est de faire une évaluation exhaustive et documentée de l'ensemble du processus électoral. Il n'est pas question d'interférer ou d'accompagner le processus», a expliqué M. Salafranca, hier, lors d'une conférence de presse à l'hôtel Sofitel d'Alger. La mission étudiera et suivra le cadre électoral général, les partis présents, la campagne électorale, la couverture médiatique (télévision, radios et journaux), la journée du vote, l'annonce des résultats et les solutions qui seront apportées à d'éventuels litiges. Elle suivra aussi l'application des lois (électorale et des partis), le respect de la Constitution, les dispositions administratives relatives à l'opération électorale et les mécanismes du déroulement du scrutin. «Nous voulons identifier les points forts et les points faibles afin de présenter à la fin de notre mission un rapport contenant les recommandations et les solutions», a-t-il expliqué. M. Salafranca est assisté de neuf experts déjà présents à Alger. Une quarantaine d'observateurs «longue durée» (OLD) représentant les Etats membre de l'UE ainsi que la Suisse et la Norvège, sont déjà déployés dans les wilayas. Début mai, une équipe d'une soixantaine d'autres observateurs «courte durée» arrivera à Alger. Elle sera suivie, trois jours avant le vote, par une délégation de 7 parlementaires européens. La mission Salafranca sollicitera, en cas de besoin, les personnels des ambassades européennes en Algérie. «Immédiatement après la journée électorale, la mission rendra publique une déclaration préliminaire comportant les premières conclusions. Après, elle présentera à l'UE un rapport complet publiable dans les trois mois qui suivent le scrutin», a précisé le chef de mission. Selon lui, le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, a donné toutes les garanties pour que la mission bénéficie de «toute la transparence possible». La mission pourra être présente dans les bureaux de vote (communes et wilayas), lors du dépouillement et au siège du QG électoral, au ministère de l'Intérieur, le jeudi 10 mai 2012. «Nous faisons une évaluation sur la base de critères internationaux admis en la matière», a relevé M. Salafranca. Il a reconnu que la mission ne peut pas être partout dans une opération impliquant la présence de plus de 26 000 candidats et 47 000 bureaux de vote répartis sur 1541 communes. Sa contribution sera, selon lui, d'introduire des critères supplémentaires de transparence en étant présente sur le terrain. «D'après l'expérience que nous avons à l'UE, nous pouvons avoir une approche et une vision globales assez intéressantes sur la façon dont le processus électoral s'est produit. Cela dit, nous ne sommes pas là pour contrôler mais pour observer», a-t-il soutenu, précisant que l'UE a mené 80 missions d'observation à travers le monde. Il a estimé «important» de contribuer «à la consolidation de la cause démocratique» en Algérie. Dans les prochains jours, la mission aura des rencontres avec les représentants des partis et de la société civile. M. Salafranca a précisé que le financement de la mission algérienne est assuré par l'Union européenne. «Il s'agit de coûts considérables. Déplacer 150 personnes en Algérie est un effort significatif de l'UE pour montrer son engagement pour votre pays», a-t-il déclaré. La réponse du chef de la mission européenne sur la liste des votants est restée évasive : «Nous allons avoir le droit d'accéder au fichier électoral», a-t-il dit sans préciser quand cela se fera. La mission de l'UE, qui a eu déjà des contacts avec les observateurs de l'ONU présents en Algérie, va prendre attache avec la délégation américaine du NDI (National Democratic Institute). A noter enfin que la mission européenne d'observation est établie à l'Algerian Business Center, aux Pins maritimes (Alger). Son site internet – www.erueom.eu/algerie2012 – sera bientôt opérationnel.