Les villas des résidants ont été démolies par l'ANP en 1997. Les déplacés, près de 300 familles, veulent revenir dans leur quartier qui n'a jamais été viabilisé, contrairement à d'autres sites. Les anciens habitants de Haï Staïfia, à Sidi Moussa, veulent réoccuper leurs maisons. «Près de 300 familles vivaient dans le quartier. Toutes ont été contraintes d'abandonner leurs maisons en 1996, mais surtout après la démolition de leurs villas lors de l'offensive de l'armée. Il ne nous a pas été possible de revenir là-bas. A chaque fois, on nous sort une excuse : on nous parlait du manque de sécurité et de l'urbanisation jamais achevée», se désole Bendris Abdelhamid, président de l'Association du haï, qui a pris langue avec les autorités locales (wilaya déléguée, APC) pour faciliter le retour des déplacés. Toutes les habitations de Haï Staïfia (quartier dénommé selon l'origine régionale des habitants, Ndlr) ont été détruites. Les carcasses de béton et de ferraille rouillée s'étalent à perte de vue dans ce quartier sur la rive est de l'oued de la plaine de la Mitidja. Situé à l'extérieur de la commune de Sidi Moussa, le quartier a souffert des affres du terrorisme, mais aussi de l'indifférence des autorités qui promettent des projets jamais concrétisés. Les familles sont toujours préoccupées. «Un voisin, originaire de Beni Ourtilane, qui occupait un terrain de 700 mètres carrés avec sa famille, a dû quitter dans la précipitation son bien. Il est mort il y a deux ans sans avoir revu sa maison. Sa famille est dispersée et son fils a perdu la tête et erre sans but à El Harrach. Je peux répéter à l'envi ces histoires de famille déchirées et abandonnées par les autorités», se désole Bendriss, qui s'abstient par décence de raconter des histoires de familles déchirées, d'autres contraintes de louer ou d'aller s'installer chez des parents. Sans espoir de retour. Après la sécurisation de l'endroit, les habitants ont voulu revenir, mais les gravats n'ont pas été dégagés et les réseaux ont été obstrués ou carrément démolis. «Les autorités ont indemnisé une partie seulement des propriétaires. Certains ont dû déblayer à leurs frais leurs terrains. Cela leur a coûté entre 15 et 60 millions», signale le président de l'association. Des tractations ont été engagées avec les services publics sans aboutir à quelque chose de concret. «Deux personnes ont déjà commencé, selon Ben Bendris, à construire. Mais comme le site ne dispose de rien, ni de réseaux d'AEP et d'assainissement ni d'électricité, je ne sais pas comment il vont faire. L'Etat doit dégager ces pistes et viabiliser le site. Ce qui me chagrine, c'est que des quartiers voisins, comme Haï El Qbaïlia a été totalement viabilisé, mais pas notre site. Même Sonelgaz (SDA) nous a assuré que deux postes transformateurs et des poteaux d'électricité sont nécessaires pour alimenter en électricité les habitations alors que le réseau existait déjà. Un seul poste peut coûter, selon un agent de la direction de distribution, jusqu'à 2 milliards. C'est plus que nous ne pouvons payer.» L'ancien wali délégué, installé actuellement à El Harrach, a parlé, la main sur le cœur, des enveloppes engagées pour faciliter le retour des familles. «On a parlé d'enveloppes colossales pour le quartier. On ne voit rien venir. Le nouveau wali n'a pas pris la peine de nous contacter», se désole Bendris.