Il ne faut pas trop y compter. Les promesses des responsables locaux, on en a reçu beaucoup depuis que la situation est retournée à la normale. Les gens n'y croient plus », relève ce quadragénaire résidant à Ouled Allal à Sidi Moussa. Son habitation ainsi plus de 200 autres à Houmet Staïfia ont été détruites en 1997 ; et du pont qui reliait Ouled Allal, autrefois un no man's land au chef-lieu de la commune de Sidi Moussa, il ne subsiste que des barres de fer et quelques poutres éventrées. « Nos habitations ont été démolies en octobre 1997 au cours d'une opération de l'ANP. Aucun de nous n'a pu revenir dans cet endroit lugubre. La gendarmerie nous y a refusé l'accès en raison des mines qui auraient été déposées par les terroristes après leur retrait », insiste-t-il. Pour lui, seule Houmet Leqbayel a été réhabilitée, celle connue sous l'appellation des Staïfia n'a pas reçu ces mêmes projets. L'errance des déplacés, qui sont venus pour certains des communes comme Belouizdad, n'a pas cessé. Ils se retrouveront à plusieurs dans des bidonvilles ou chez des tiers au centre de la capitale. « Plusieurs sont morts depuis ou désespèrent de revenir un jour chez eux », s'indigne Kader dont le père a investi toutes ses économies dans sa villa « sans pour autant avoir à l'habiter un jour ». Le déblaiement des gravats a été entrepris depuis que les terroristes qui écumaient toute cette région de la Mitidja ont déserté l'endroit. Pas moins de 60% du site ont été déblayés en contrepartie de 5 à 10 millions de centimes par personne. Néanmoins, il reste beaucoup à faire, soutient-il. « Les opérations n'ont pu être achevées pour des raisons que l'on n'ignore pas. La gendarmerie est intervenue pour arrêter les travaux alors que des citoyens ont payé plus de 70 000 DA pour louer l'engin mécanique », insiste-t-il en assurant que des programmes de logements sont aussi à l'arrêt, en raison de « l'interférence de gros bonnets locaux » qui ont fait de la commune leur précarré sans que les autorités interviennent. M. Lebka, wali délégué de Baraki auquel est rattachée la commune de Sidi Moussa, a fait remarquer que les habitants d'Oued Allal, qui ont vu leurs 825 habitations détruites, retourneront chez eux « dans les meilleurs délais ». « L'Etat y tient beaucoup. La décision a été prise après mon installation, il y a trois ans, d'injecter des investissements lourds dans cette région. Les services de la circonscription administrative appréhendent, néanmoins, la bidonvillisation, à terme, de cette localité. Seule solution trouvée : des procédures ont été engagées avec l'Agerfa pour permettre aux déplacés d'avoir leurs permis. » La solution se trouve, selon lui, dans une viabilisation de tout l'espace. Plusieurs opérations ont été ainsi prévues pour faciliter le retour des résidants mais seuls la cantine et le réseau d'assainissement ont été totalement achevés. Les travaux d'aménagement extérieur de la cité Ouled Allal de 1200 habitants « ne vont pas tarder ». Autre projet prévu, la réalisation des 31 locaux commerciaux dont les travaux n'ont atteint que 15%. Battant en brèche les affirmations du wali, les citoyens assurent qu'à part la salle de soins, rien ne semble pousser les habitants à reprendre pied dans leur ancienne localité. La région souffre des desiderata des responsables locaux qui « n'en font qu'à leur tête ».« D'ailleurs, les associations que l'on associe au projet ne sont là que pour faire de la figuration », atteste Kader.