Les musées nationaux sont désormais autorisés à recevoir des dons d'œuvres de particuliers et d'entreprises pour leurs collections. «En application de la loi de finances 2010, le ministère de la Culture a promulgué un décret qui permet aux personnalités morales et physiques de pouvoir faire don d'œuvres aux musées, en contrepartie le montant des œuvres est défalqué de l'impôt sur les bénéfices de ces entreprises avec un plafond de 30 millions de dinars», nous a expliqué Mohamed Djehiche, directeur général du Musée national de l'art moderne et contemporain d'Alger (Mama). Il s'agit du décret exécutif du 22 mars 2011 relatif au sponsoring et au mécénat dans le domaine de la culture. Selon lui, ce texte est important dans la mesure où les collections des musées seront enrichies. «Cela permet de passer certaines contraintes et formalités pour l'acquisition des œuvres. Une personnalité morale ou physique peut acquérir directement ces œuvres», a-t-il précisé. La première cérémonie de réception des donations a eu lieu le 7 avril à la villa Abdeltif, siège de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) à Alger. Le notaire, Salim Becha, a offert au Mama, au Musée national des antiquités et au futur musée de l'Afrique une collection de sculptures de Mésopotamie et d'Inde datant du VIIIe siècle et un fossile de 450 millions d'années. La banque française BNP Paris El Djazaïr a, de son côté, donné deux tableaux du peintre orientaliste Nacereddine Etienne Dinet, «L'Aveugle» et «L'Embuscade», au Musée national des beaux-arts. Ces tableaux datent de la période algérienne de Dinet. BNP Paris El Djazaïr a racheté ces deux œuvres d'un particulier en Algérie. «Ces œuvres ont été en quelque sorte sauvées, sinon elles se seraient retrouvées dans le marché parallèle de l'art, et plus tard dans un musée à l'étranger», a précisé Mohamed Djehiche. Abdelhamid Benzine, un des doyens des journalistes algériens aujourd'hui, avait chargé, avant sa mort, sa filleule Souad Inal d'offir au Mama une œuvre de M'hamed Issiakhem. «Il lui avait dit de le faire une fois le musée ouvert. La direction de l'éducation nationale de Tlemcen a donné une soixantaine de manuscrits au Centre régional du manuscrit qui est basé à côté du mausolée de Sidi Boumediène à Tlemcen», a-t-il dit. Zohra Drif Bitat a, pour sa part, offert plusieurs masques et sculptures africains d'origine congolaise et ivoirienne. Ces œuvres seront placées dans le futur musée de l'Afrique qui sera construit à Zéralda, à l'ouest d'Alger. Khalida Toumi, ministre de la Culture, a également donné des masques africains, reçus en cadeaux, à ce futur musée. Mohamed Djehiche a estimé que les nouvelles dispositions permettent de récupérer les œuvres algériennes actuellement à l'étranger et les faire entrer dans les collections nationales. «Tous les musées ont un budget. Il existe une commission nationale des acquisitions qui étudie les propositions. Cela dit, le budget de fonctionnement des musées ne permet pas d'acheter des œuvres de grande valeur. Une banque ou une personne ayant les moyens peut le faire. Il y a le fonds du patrimoine. Il s'agit de mécanismes qui se mettent en place pour faciliter les acquisitions. Le marché va vite. Les antiquaires nous appellent parfois et ne nous laissent qu'une semaine pour acheter, si nous ne le faisons pas, ils partent ailleurs. Il y a toujours des acheteurs potentiels. La procédure administrative prend du temps. Cela fait qu'on perd parfois des occasions», a précisé le directeur du Mama. D'après lui, la nouvelle réglementation du mécénat accélère les procédures et facilite les acquisitions. «Il y a beaucoup d'entreprises qui peuvent faire des gestes qui ne leur coûtent rien en fait. Elles sont gagnantes sur le plan financier», a-t-il noté.