De mémoire collective, jamais une campagne électorale n'a connu un désintérêt aussi significatif que celle qui vient d'être lancée. Au 3e jour du coup d'envoi de l'opération, les panneauxd'affichage sont restés quasiment vides. Les partis en lice, soit 39 listes dont une indépendante, ayant procédé à l'affichage de la composante de leurs candidats se comptent sur les doigts d'une seule main. Bon nombre d'observateurs attribuent cette posture «à la crainte de voir les listes lacérées, arrachées ou recevoir des graffitis désobligeants». Sur quelques espaces réservés à l'affichage, on peut lire des remarques porteuses de messages forts du genre : «La pomme de terre à 120DA», ou encore «Non aux opportunistes et aux voleurs». Dans plusieurs localités les listes sont vandalisées parce que, semble-t-il, les premières loges sont attribuées à des personnes qui ne sont pas natives de la région. Du citoyen lambda, aux cadres et universitaires, tous pensent qu' «on reconduit pratiquement les mêmes têtes et on repart à la course aux strapontins et aux privilèges. Le système ne veut pas que le changement s'opère dès lors qu'il continue à privilégier le pouvoir de la ‘chkara' et des influences occultes aux dépens des critères de compétence et de militantisme». Un médecin spécialiste interrogé considère qu'«attribuer l'agrément à une vingtaine de partis à un mois du scrutin est une plaisanterie, sinon une parodie grotesque d'ouverture démocratique».