La petite délinquance s'installe dans des quartiers de la capitale. Partout des agressions sont signalées aux services de sécurité souvent dépassés par l'ampleur de la tâche. Les agressions à main armée sont légion : tous les quartiers de la capitale, ou presque, connaissent ce phénomène. Les histoires de personnes malmenées par de jeunes agresseurs se répètent avec souvent le même procédé. Sous la menace d'une arme blanche, les délinquants forcent leur victime du jour à leur remettre tout ce qu'elle a de précieux sur elle : portable, bijoux ou argent. «Un jeune, sous l'effet de psychotropes, est venu derrière moi et m'a mis un couteau sur la nuque. Je ne pouvais pas bouger. J'étais pétrifié. Il m'a contraint de lui donner, sans rouspéter, tout le contenu de ma sacoche. Il y avait ce jour-là mon portable et une petite somme d'argent. Sourire en coin, il est reparti en courant. Je me suis rendu compte, après coup, que j'avais eu de la chance. D'autres victimes ont fini à l'hôpital, ou carrément à la morgue», raconte un quadragénaire d'El Magharia, agressé par un «jeunot, à peine plus haut qu'un manche à balai» dans un cul-de-sac à Hussein Dey, où d'ordinaire «ne rodent pas les jeunes voyous». Les agressions dans cette partie de la ville ont été signalées, plus particulièrement aux alentours des bidonvilles qui ceinturent les quartiers de la wilaya déléguée de Hussein Dey, où la police a enregistré une hausse des agressions à l'arme blanche. Des citoyens de la cité «Fico» avaient été traumatisés, il y a près d'une année, lorsqu'un jeune trentenaire a perdu la vie en s'accrochant à son véhicule que des délinquants étaient en train de lui voler, alors qu'il était sorti pour jeter des sachets dans une niche à ordures. Les agresseurs ont été arrêtés en-dehors de la wilaya d'Alger, mais l'affliction de la famille est toujours profonde. Cet acte n'a pas incité les autorités à renforcer le dispositif dans ces quartiers abandonnés aux délinquants. Des quartiers entiers de la capitale vivent sous la menace. Au centre-ville, à la périphérie ou dans les nouveaux sites d'habitation de l'AADL, personne n'est épargné. A Aïn Naâdja (Gué de Constantine), ce sont des batailles rangées jusque tard dans la nuit entre des groupes venus des anciens quartiers d'El Madania, Oued Korich ou encore Bab El Oued. «C'est la guerre civile ! Après quelques jours d'accalmie, les jeunes se retrouvent chaque soir, et bonjour les dégâts ! Les familles ne se sentent plus en sécurité. A Birkhadem, Birtouta et maintenant chez nous à Aïn Malha, les jeunes se comportent comme des caïds qui veulent délimiter leur territoire et y imposer leur loi. La petite délinquance s'est installée progressivement. La gendarmerie mais surtout la police, dont l'effectif est très réduit, n'y peut rien», se désole un ancien résidant de Aïn Melha, où les jeunes, des nouveaux relogés du site AADL se battent à l'aide de sabres, de bâtons, de sabres et de pierres. «Les jeunes ne s'arment pas encore. A Oued Korich, des jeunes ont failli verser dans le grand banditisme. Mais je crains que dans quelque temps, ces jeunes vont s'armer et obliger l'Etat à faire appel à l'armée pour entrer dans ce qui deviendra de véritables favelas», ajoute cet habitant de ce quartier de Gué de Constantine, où les bidonvilles occupent plus de la moitié de la superficie générale de la commune. Des habitants réclament une présence policière importante mais discrète. A Ouled Fayet, les résidants de l'AADL et de la cité sociale voisine assistent à des agressions sans pouvoir rien faire. «Nous avons réclamé avec insistance l'installation d'une sûreté urbaine de proximité, les autorités parlent d'un manque de terrains. Pourtant, les assiettes ne manquent pas. Il suffit de les chercher, il y a une ancienne base de vie des Chinois qu'il suffit juste d'aménager», relève un habitant de la cité AADL. Des citoyens expliquent la prolifération des agressions par l'absence et la démission de l'autorité parentale et d'une politique sécuritaire efficace dans les quartiers. La justice est aussi évoquée dans les discussions avec des citoyens ou des policiers mis en confiance. «La justice travaille-t-elle en toute liberté ? A chaque échéance électorale, on fait sortir les jeunes délinquants qui se pavanent dans les rues, sans craindre aucune autorité. La police les arrête et le procureur du coin les libère et les voilà qu'ils recommencent à agresser de paisibles citoyens. Les repris de justice font la loi», s'indigne un résidant d'El Harrach dont la commune a acquis une mauvaise réputation en raison de la présence de plus en plus importante de groupes de jeunes sans foi ni loi.