Des gangs de quartier bénéficient de la complicité des services de sécurité. Au lieu de s'en débarrasser, la police en fait des alliés.» Khaled, jeune quadragénaire de Oued Koriche, dénonce l'attitude des services de sécurité qui assistent sans intervenir aux batailles des gangs des quartiers de Beau-Fraisier et de Climat de France. «La police assiste souvent sans bouger aux batailles rangées entre les groupes qui viennent des quartiers voisins. Après le départ des habitants des bidonvilles de La Carrière, c'est au tour des jeunes de Beau-Fraisier de Climat de France de livrer bataille. Les autorités laissent faire les voyous qui terrorisent la population», tranche ce jeune informaticien qui travaille la journée dans une boîte à Bouzaréah. Les habitants des quartiers de Oued Koriche s'étonnent de la «mue» récente opérée par certains délinquants. «Les voyous de quartier, qui utilisaient des canifs, se munissent d'armes de guerre. J'en ai vu certains avec des fusils. Oued Koriche n'a rien à envier aux favelas du Brésil. A terme, nous assisterons à des fusillades et les seules victimes seront toujours les gens honnêtes du quartier», prédit un habitant qui a pris attache avec la rédaction sans vouloir révéler son identité, «de crainte d'être agressé» s'il est reconnu. Un climat de terreur est imposé à la population du quartier qui a souffert durant des années des affres du terrorisme. Le «couvre-feu» est imposé par des groupes qui se livrent bataille pratiquement chaque nuit. «A 21h, il n'y a plus âme qui vive. Les locaux sont fermés. Les habitations du quartier sont exiguës et les gens sont obligés de s'y calfeutrer. Les insultes proférées par des jeunes réunis en bas des immeubles sont notre lot quotidien», s'indigne-t-on. Agressions à répétition… Il ne passe pas un jour sans assister à des agressions à main armée. La semaine dernière, un crime s'est produit à Beau-Fraisier où un habitant, muni d'un fusil, a tué deux de ses voisins. Les jeunes délinquants s'en prennent aux biens des privés, mais aussi à ceux de l'Etat. Un bus acquis par l'APC pour les sportifs a été détruit. Des voitures d'une fourrière ont été saccagées. «Oued Koriche est abandonné aux délinquants. Même les bidonvilles éradiqués repoussent sans que les services de la police et de l'APC ou de la wilaya déléguée n'interviennent. Les habitations ont été construites dans des espaces verts, les seuls endroits de divertissement de la population», relève-t-on à l'APC, impuissante à gérer cette situation. La police dispose de moyens pour lutter contre la délinquance qui s'est instaurée depuis plus d'une année dans les quartiers populaires de Oued Koriche. «La police dispose d'une brigade, la BMPJ et d'une sûreté urbaine. La police, qui affirme ne pas disposer de moyens, pourrait toujours demander des renforts et investir les lieux. La population, abandonnée pieds et poings liés à des jeunes déjantés doit être rassurée. Les résidants vont se faire justice un jour si la police n'intervient pas. Mais n'est-ce pas le résultat souhaité par certaines parties ?», s'interrogent nos interlocuteurs.