Le projet de généraliser les sûretés urbaines de proximité (SUP), mené par l'ancien DGSN, est abandonné par la police, préoccupée par la recrudescence des manifestations publiques. Des policiers se sont retirés de certains quartiers. Plus de trace. Au Musset, dans la commune de Sidi M'hamed, des agents régulant la circulation, au carrefour de la rue Belouizdad, ont disparu. Même constat à Bordj El Bahri et dans certaines localités des hauteurs de la capitale. L'allégement des mesures coercitives imposées aux automobilistes s'est accompagné de la disparition des policiers dans certains quartiers de la capitale. Si certains automobilistes s'en «réjouissent», des habitants trouvent que la police qui se retire de ces quartiers laisse la place à de jeunes délinquants. «Sur le tronçon de la rue Belouizdad, qui longe le chantier abandonné de ‘‘Titanic'', des jeunes se baladent avec des sabres, c'est effarant. Ces voyous ont quartier libre dans cette partie de la ville. On ne peut plus passer tranquillement. De plus, le retour des revendeurs facilite la tâche aux voleurs qui ne craignent plus aucune autorité», déplore Kamel, résidant du quartier Harcha, tout en faisant remarquer que le «départ» des policiers a coïncidé avec le retour de l'informel. «Le Vito de la police qui stationnait à la sortie du marché informel de Belcourt a disparu. Les jeunes déposent leurs babioles sur la chaussée, obstruant le passage aux automobilistes coincés plusieurs minutes dans un bouchon terrible», relève-t-il, agacé. Au niveau des services de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), on défend les missions de la police qui «se tient aux côtés de la population». «La police est toujours là. Elle défendra, comme l'exige son rôle, l'intérêt public», s'est contenté d'affirmer une source au niveau de la DGSN, sans trop convaincre. Contrairement aux assurances des services de la police, des habitants ont remarqué une recrudescence des actes de délinquance dans certains quartiers devenus, dénoncent-ils, des zones de non-droit. Les sites d'habitations (grands ensembles sociaux et sites AADL) accueillent toute une faune de délinquants, et les paisibles résidants ne sortent plus la nuit, de crainte d'être agressés, molestés et allégés de leurs portefeuilles. «Nous avons maintes fois réclamé une sûreté de proximité dans notre cité. Rien n'a été fait malgré les promesses. Dans les plans, pourtant, un commissariat devait être installé juste après la livraison du site», regrette un résidant du site AADL Ouled Fayet qui assiste, ahuri, à la recrudescence des actes d'agression dont les auteurs sont de jeunes délinquants venus des quartiers voisins. Des quartiers sont carrément abandonnés aux gangs et la police ne s'y déplace que rarement. A Oued Koriche, Diar Echems, Laâqiba, ou dans certains quartiers d'El Harrach, de Bourouba, de Bordj El Kiffan et même de Chéraga, plusieurs sûretés urbaines de proximité (SUP) ont été installées ces dernières années. L'ancien DGSN, le défunt Ali Tounsi, s'était fait fort de généraliser les SUP dans plusieurs quartiers «chauds» et aux abords des bidonvilles. Objectif : renforcer le dispositif sécuritaire déjà en vigueur dans les centres urbains. Il semblerait que la politique menée par l'ancien DGSN soit abandonnée par M. Hamel, confronté à d'autres préoccupations, celle de maintenir l'ordre public. «Les policiers surveillent la population au lieu de la défendre. C'est grave pour un corps républicain d'être dévié de sa vocation initiale. La police nationale est devenue un corps de CNS», tranche un sociologue, dont on taira le nom.