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Meurtrie par le terrorisme, la wilaya sombre dans l'oubli
Tissemsilt Une beauté en friche
Publié dans El Watan le 21 - 02 - 2006

Situer sur une carte géographique la wilaya de Tissemsilt n'est pas chose facile pour le commun des Algériens. Cette wilaya, aussi vaste que le Liban, est née avec le découpage administratif de 1984.
Elle compte 8 daïras et 22 communes. Elle est limitée au nord par les wilayas de Chlef et de Aïn Defla, à l'ouest par Tiaret, au sud par Djelfa et à l'est par Médéa. Le terrorisme qui n'y a pas totalement disparu vient encore une fois de plonger la paisible localité de Theniet El Had dans la tourmente. Quatre jeunes fonctionnaires, natifs de la région, en mission, ont été, il y a peu, froidement assassinés au détour d'un chemin perdu. Le dénuement des hommes est total dans cette région mal située, mais le spectacle naturel des grands espaces ne laisse personne indifférent. En empruntant la RN14 reliant Tiaret à Alger, le regard n'a d'autres horizons que celui d'aller scruter au loin l'imposant massif de l'Ouarsenis et de ses forêts impénétrables... Cette route qui annonce aussi les hauts-plateaux esquisse d'immenses tracés à travers la vaste et fertile plaine du Sersou, jadis grenier à blé consacré. Entre Tiaret et Tissemsilt, qui se situe à une soixantaine de kilomètres au nord-est, le même décor champêtre accompagne le voyageur. Hormis Dahmouni, par où transitent les voyageurs à destination du grand Sud, aucun autre village ne vient casser la monotonie d'un trajet qui suscite plutôt le sommeil. Une pancarte, soudain, au détour d'un virage, remercie le visiteur de telle commune traversée. Le voyageur, désorienté, se demande comment quelques chaumières, un vieux silo à blé, une stèle de marabout et deux mulets esseulés peuvent-ils constituer une commune ? La question tout naturellement se perd dans le rétroviseur embué. En ce début d'année, dans cette contrée, le froid est comme toujours glacial. Un vent persistant et sournois accule les montagnards rugueux à s'emmitoufler au fin fond de leur qachabia de toute une existence. De temps en temps, sur la même route, on double une vieille 404 bâchée, où sont parquées à l'arrière femmes muettes et bien assises. Cette année est de bon augure pour les citoyens qui n'ont d'yeux que pour le gaz naturel qui est enfin venu atténuer les nuits du blizzard. Le gazoduc qui avance bien, venant de Aïn Bouchekif via Tissemsilt, va bientôt arriver à Theniet El Had, un village situé à 1100 m d'altitude, après avoir desservi sur son passage Khemisti et El Ayoune. Tous les foyers, avec contentement, font connaissance avec ce nouveau combustible moins cher que le mazout. Le commerce des appareils de chauffage se porte bien. Le pic d'El Medad ou celui de Sidi Slimane, enneigés durant une partie de l'année, révèlent au simple visiteur de passage que le froid, pas celui des cartes postales, est vécu ici dans la chair. On arrive enfin à Tissemsilt, une ville en plein essor urbanistique qui compte plusieurs cités d'habitation à l'architecture bien recherchée. Le logement, malgré cela, n'est pas accessible pour tous, dira un correspondant de presse natif de la région. Celui-ci ajoute que depuis les années 1995-1999, la campagne s'est dépeuplée de tous ses habitants qui vivaient paisiblement des produits de la terre. El Maâllab, Beni Chaïb, Lardjam d'El Kouacem et Had Chekala ont vu le sang couler à flots dans les oueds de cette Algérie oubliée. On affluait vers cette ville dans la précipitation et de partout, dira-t-il encore, de nuit comme de jour avec ballots, femmes et enfants pour trouver refuge dans la ville qui, même mal préparée, n'a pas pu dire non à ceux qui, pieds nus, ont fui le glaive et le sabre. Le quartier Derb, le plus vieux des quartiers, a vu en quelques années sa population quadrupler. « Des gens aisés comme ceux habitant El Kouacem en laissant sur place le fameux raisin rouge d'El Kouacem sont devenus du jour au lendemain sans patrie, sans ressources et sans gîte. Même si quelques familles ont consenti au retour, beaucoup se sont résignés à y rester. L'incertitude demeure entière et rien n'est plus comme avant », tient à préciser notre interlocuteur
Un substrat turc
Les Turcs ont laissé des traces dans cette ville, notamment à Sidi Abed et le nom qui veut dire coucher de soleil découle de cette présence furtive. L'Emir Abdelkader a aussi érigé, pour un temps, sa capitale ambulante à Taza, une bourgade perdue du côté de Theniet El Had. Les Français, au début du siècle, à leur tour, ont fait venir des bagnards soumis aux travaux forcés dans les mines de Bouçaïd et de Theniet El Had, deux régions montagneuses au climat austère et à la beauté insaisissable. Une fois élargis, nombre de ces prisonniers se sont sédentarisés dans la région, laissant pour la postérité une filiation. Bouçaïd, c'est aussi un projet pour la réalisation d'un centre pour jeunes asthmatiques tant le climat y est limpide. Des forêts à perte de vue et une montagne (Sidi Slimane) qui culmine à plus de 1300 m d'altitude ajoutent au décor ambiant un charme naturel. Juste à la sortie est de la ville de Tissemsilt sur la route d'Alger, Aïn S'fa, bâtisse centenaire, transformée en lieu de torture pour les moudjahidine et autres maquisards capturés dans les alentours ressuscite dans le recueillement le lourd tribut payé par une population fortement marquée par les exactions de l'armée coloniale. On dit que les maquisards de la IVe Wilaya faits prisonniers creusaient leur propre tombe le jour et le soir ils y étaient enterrés. Les témoignages révèlent leurs apparences traversant de nuit la route à cet endroit. Par respect pour leur mémoire, les automobilistes de passage éteignent leur transistors ou leur radiocassette à cet endroit. Les stèles gravées de noms de chahids érigées dans les places de village n'en sont que témoignage. Pour le souvenir, Bordj Bounâama porte bien le nom du chef historique que fut le commandant Mohamed Bounâama. Aïn S'fa, à l'origine une imposante ferme coloniale, a été la première bâtisse en dur construite par le baron de Vialar. Un véritable colon qui avait la mainmise sur toutes les terres d'orge, de blé et d'avoine. Des lacs ceinturaient ses terres qui s'étalaient à perte de vue jusqu'à Sidi Abed et Ouled Bessam. De nos jours, la plupart de ces terres sont en jachère et le PNDA a fait jaser beaucoup de monde. La chronique locale parle avec ironie de fellahs, faute d'avoir mené à terme leur projet, qui sont régulièrement convoqués par la justice. Ces derniers, ajoutent les mauvaises langues, après avoir délaissé la terre, se sont acheté des voitures neuves avec l'argent du PNDA. Mais il y a aussi d'autres agriculteurs qui ont transformé des terres jadis incultes en véritables fermes industrielles. A Tissemsilt et dans les villages alentour, on a construit à profusion : une piscine, des salles de jeu, des maisons de jeunes, des stades combinés et même une université... mais rien n'y fit. L'oisiveté est palpable et le désœuvrement total. Les cafés sont bondés de monde et le travail rare. Hormis les administrations, il n'y a qu'une seule unité industrielle : une usine de couvertures. De compression en compression, cette usine n'emploie désormais que peu de travailleurs. Avec l'arrivée du gaz naturel, ce combustible beaucoup moins cher que le mazout, tous espèrent voir venir des investisseurs s'installer. Les minerais existent, Ammari et Bouçaïd font à chaque fois valoir dans les prospectus pour investisseurs leurs atouts. Une station thermale, située sur un site magnifique qui active actuellement au régime local, peut à elle seule drainer beaucoup de petits investisseurs en tourisme ou en villégiature, tout comme Theniet El Had et son parc naturel classé au niveau national, fait de forêts vierges et de sources limpides. Le mouvement associatif est fort actif dans une wilaya qui compte plus de 150 000 habitants. Mais la plupart du temps, ces associations ne sont réactivées qu'a l'occasion de fêtes ou d'événements nationaux. On se bagarre comme partout pour les subsides et les faveurs. La dissidence n'est palpable que dans l'unicité. Le seul privilège accordé en matière de culture est le festival national de la poésie qui se tient chaque été à Ouled Bessem, une petite localité enclavée. Ici aussi le verbe est roi. Savoir parler est un art exercé tous les jours. Pas loin de Tissemsilt, Rechaïga, située à quelques encablures, mais rattachée à une autre wilaya, a été transformée en véritable eldorado agricole par les fellahs mascaréens qui sont venus ensemencer la terre. L'eau potable y est acheminée depuis le sous-sol de cette contrée et la ville de Tissemsilt ne connaît aucune restriction du précieux liquide. Des terres à perte de vue, jadis fertiles, faute de mains bêcheuses et de statut clair, sont devenues stériles. Un grand gâchis disent les vieux de Tissemsilt. Les jeunes, de plus en plus ceux qui en ont les moyens, partent à Mostaganem ou à Oran pour s'installer, sachant que leur avenir est incertain dans une wilaya qui a tous les atouts pour s'affranchir de sa léthargie mais qui n'arrive pas à décoller. En attendant, les interminables parties de pétanque, en passe-temps favori des jeunes et des moins jeunes, font figure d'unique consolation dans une région oubliée par le temps.


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