L'arrestation, vendredi et samedi derniers, de militants de certaines associations et de quelques citoyens suscite moult interrogations. «Se balader à Alger oblige-t-il les individus provenant d'autres wilayas à se munir d'autorisation ?», s'exclame le président du Rassemblement action jeunesse (RAJ). Les jeunes militants appréhendés par les services de sécurité crient au scandale. Pour eux, «l'arrestation dont ils ont été victimes est une énième preuve démontrant les atteintes aux libertés». Selon les militants du Réseau pour la défense de la liberté et de la dignité (RDLD), «les membres de l'organisation interpellés ne faisaient que marcher sur la place Audin, quand soudain des policiers ont arrêté Kader Affak et une autre militante», indique le porte-parole du RDLD, Othmane Aouameur. Par ailleurs, le président du RAJ, Abdelwahab Fersaoui, déplore «les arrestations injustifiées et sans motif». Selon l'ex-président du RAJ et actuel candidat aux élections législatives dans la wilaya d'Alger (FFS), Hakim Addad, «les membres du RAJ s'apprêtaient à rencontrer un journaliste étranger pour un entretien relatif au système éducatif algérien». «En marchant à Alger-Centre pour rejoindre le lieu du rendez-vous, la police les a interpellés», dénonce-t-il. En outre, pour le RDLD, «ces arrestations sont une grave atteinte, synonyme d'intimidation». Certains militants ont été emmenés au commissariat Cavaignac ; ceux affiliés au RDLD ont passé «toute la journée avant d'être relâchés», affirme Othmane Aouameur. Joint hier, le commissaire divisionnaire Berrachedi, chargé de la sécurité publique, indique que «la loi autorise le contrôle d'identité». «Effectivement, nous avons vérifié l'identité de certaines personnes. La réglementation nous y autorise», souligne-t-il. Et d'ajouter : «Des informations nous sont parvenues indiquant que des personnes s'apprêtaient à distribuer des tracts et organiser un rassemblement suivie d'une marche. Nous, pour appliquer la loi, nous avons déployé un dispositif car les marches à Alger sont interdites.» Mais les militants du RAJ et du RDLD ne l'entendent pas de cette oreille. Pour eux, les interpellations sont «des atteintes aux libertés individuelles». Ils précisent qu'«ils n'avaient nullement l'intention d'occuper la place publique ce jour-là». Kader Affak du RDLD analyse ces interpellations «comme une volonté du pouvoir de culpabiliser les citoyens révoltés par la situation dramatique du pays. Le régime les accuse de vouloir déstabiliser le pays, mais des citoyens voulant exprimer leur ras-le-bol de manière pacifique sont aussi réprimés.» «Par toutes ces arrestations arbitraires, le pouvoir semble dire que la démocratie est une menace et un alibi à une ingérence internationale. Il présente tous les militants comme des éléments du chaos», dit-il.