17 ans après l'introduction de tamazight dans le système éducatif, le problème de la conception des manuels scolaires reste posé. Les manuels scolaires de la langue amazighe sont-ils conformes aux normes pédagogiques et à la langue tamazight ? Telle est la question à laquelle l'enseignant de tamazight Habib Allah Mansouri, a tenté de répondre, dimanche, lors d'une conférence sous le thème : «Le manuel scolaire de la langue amazigh : caractéristiques, objectifs et perspectives», animée à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, à l'occasion des festivités commémoratives du 20 avril 1980. «Lorsque le tamazight avait été introduit dans l'école algérienne, en 1995, nous avons démarré l'apprentissage sans manuel ni programme scolaire. C'était un choix politique, nous avions assumé», a déclaré d'emblée M. Mansouri. Mais après, il a fallu élaborer un programme et un support pédagogique adéquat que les enseignants avaient eux-mêmes confectionné. «Un manuel doit répondre à la nature de cette langue maternelle. Elle doit comprendre la culture qu'elle véhicule». Pour étayer ses propos, l'orateur a affirmé : «On ne peut pas adapter, pour l'enseignement de tamazight, les manuels existants en langue arabe et en langue française. 85 % des textes dans les manuels scolaires de tamazight sont, soit créés ou traduits». «Est-ce à dire que tamazight n'a pas de littérature ? Les concepteurs ont favorisé la typologie du texte et la structure au détriment du contenu qui est vide et froid du fait que cela ne véhicule pas la culture amazigh. Le manuel doit enraciner la culture à l'apprenant». Le conférencier a regretté, à ce titre, l'absence des textes écrits par des hommes de lettres comme Si Amar Ben Saïd Boulifa, qui a élaboré des méthodes d'enseignement de la langue berbère. «Les texte de Boulifa n'existe pas dans les actuels manuels scolaires. Ceux de Mouloud Feraoun et Mammeri sont infimes», dit M. Mansouri. Autres anomalies décelées par cette enseignant, est «la polygraphie des manuels de tamazight». Sur ce volet, le conférencier a insisté: «Nous sommes le seul pays au monde dont la langue maternelle s'écrit avec trois graphies différentes. Et ça, c'est un problème éminemment politique, nous ont fait comprendre les gens du ministère». «C'est anti-pédagogique ! Nos manuels sont les plus chers et les plus volumineux de tous les livres scolaires», enchaine-t-il. Par ailleurs, l'orateur a relevé, aussi, le problème des «variantes linguistiques» utilisée dans l'enseignement scolaire. «Chaque région, chaque enseignant enseigne avec une variante différente. L'idéal pour nous, c'est d'arriver à une langue commune». Un manuel imprégné de la culture berbère permet la transmission du savoir, de la culture et fait un enfant qui défendra sa langue maternelle.