Dans la région Rhône-Alpes et le sud de la France, le parti de Marine Le Pen fait surtout une apparition tonitruante et remarquée dans les zones rurales, a contrario de son discours politique, qui vise généralement la peur de l'immigration et des musulmans. Lyon. De notre correspondant C'est incroyable le nombre de gens qui rêvent d'un monde meilleur, sans problèmes, sans soucis ». Ce commentaire désabusé d'un internaute peut illustrer le malaise que le scrutin présidentiel a soulevé dans le sud de la France. En région Rhône-Alpes (autour de sa capitale, Lyon), en Provence-Alpes-Côte d'Azur (autour de la capitale, Marseille) le score de l'extrême-droite Marine Le Pen, s'accroît. Celui de la droite classique autour du candidat sortant, Nicolas Sarkozy (UMP), se maintient à des niveaux très élevés. Dans le Vaucluse, premier département à avoir hissé un maire Front national (FN) à Orange, les voix cumulées du FN et de l'UMP frôlent les 60%, alors que la gauche (Hollande et Mélenchon) a du mal à atteindre les 33%. Dans les Bouches-du-Rhône, Sarkozy arrive en tête avec 27%, Marine Le Pen et François Hollande se talonnent à 24%. Dans les Bouches-du-Rhône, hormis Marseille, toujours acquis à la gauche, Le Pen arrive en tête dans toutes les villes du pourtour de l'étang de Berre (dont Marignane), à l'exception de Vitrolles où avec 26,78% des voix, elle talonne Hollande (27.8%); Port-de-Bouc où c'est Jean-Luc Mélenchon qui est le premier, Saint-Mitre-les-Remparts qui a porté Nicolas Sarkozy en haut du podium et Berre où Marine Le Pen échoue d'un cheveu derrière Hollande avec 29,06%. A Martigues, la candidate FN obtient 24,41%. A Miramas, elle est à 31,16%. A Istres, elle est à 27,33%. Au nord, dans le Vaucluse, dans une petite commune à côté d'Avignon, Bédarrides, le score de Le Pen est exceptionnel avec 40,92%, devant Lagarde-d'Apt avec 40%. A Monteux, ville socialiste, 34,81%, Bollène avec 32,99%, Entraigues, ville communiste, avec 31,38%, Cavaillon (UMP) avec le même score qu'Entraigues, Le Pontet (UMP) à 31,13%, Vedène à 30,91% et Caumont-sur-Durance à 31,25%. A Carpentras, où le FN a obtenu l'année dernière un conseiller général, elle est à 28,53%. A Orange, la ville que dirige l'ex-FN Jacques Bompard, elle est à 29,54%. Enfin, dans le département voisin du Gard (Nîmes), Marine Le Pen est en tête devant Sarkozy et Hollande. Dans le Rhône, avec 30,77%, Nicolas Sarkozy fait nettement moins bien qu'en 2007, où il avait obtenu 35,07%. Il devance François Hollande qui obtient 26,91% des suffrages, avec plus de 34 000 voix de retard sur le président sortant. Marine Le Pen, en troisième position, est loin du chiffre national avec seulement, si on peut dire 15,09%. A Lyon, capitale de la région, le président sortant fait presque jeu égal avec le socialiste Hollande (30%). Marine Le Pen est, quant à elle, derrière Mélenchon (11,83%) et Bayrou (10,66%) puisqu'elle réalise 9,87%. Enfin, dernier point significatif de cette embellie du Front national, le parti de Marine Le Pen fait surtout une apparition tonitruante et remarquée dans les zones rurales, a contrario de son discours politique qui vise généralement la peur de l'immigration et des musulmans. Ainsi, si les agglomérations où l'immigration est visible, votent Sarkozy et Hollande en majorité, les petits villages placent Le Pen en tête. C'est le cas autour de Valence ou de Montélimar, les deux plus grosses villes de la Drôme. Ou de la même façon autour d 'Avignon dans le Vaucluse ou de Marseille dans les Bouches-du-Rhône. Quand on sait qu'au niveau national le FN a décroché un peu moins de 18%, on imagine le «tremblement de terre», dans le Sud, selon la formule du spécialiste de l'extrême-droite Jean-Yves Camus. Un séisme qui devrait normalement avoir des répercussions lors des législatives du mois de juin, avec quelques députés frontistes élus dans cette région où s'incruste d'élection en élection la sensibilité d'extrême-droite. Le score de Le Pen fille dépasse de plus de 10% celui de son père en 2007.
- A savoir que le candidat socialiste François Hollande arrive en tête dans 56 départements de France métropolitaine (c'était le cas pour 23 d'entre eux seulement pour Ségolène Royal en 2007), tandis que Nicolas Sarkozy sort premier dans seulement 39 départements.