60% des habitants de la daïra de Barika et ceux de la daïra de Merouana ne payent pas leurs redevances à l'entreprise. La direction de l'Algérienne des Eaux (ADE) de Batna, chargée de la gestion et de la réhabilitation du réseau hydraulique, n'arrive pour le moment, à prendre en charge que 25 communes sur les 61 que compte la wilaya. Interpellé lors du dernier conseil consacré à l'hydraulique par le secrétaire général de wilaya en vue de s'investir dans les 36 communes restantes, Dali Bensaïd, directeur de l'ADE, a exprimé l'incapacité de son entreprise à répondre à cette exigence en raison de sa situation financière, marquée non seulement par des créances estimées à 130 milliards de centimes mais également par les mauvais payeurs. En effet cette entreprise à caractère commercial créée en 2006, a hérité du passif de l'ex-EPDEMIA, entreprise de wilaya, évalué à 100 milliards de centimes auxquels viendront se greffer 30 milliards de centimes pour cause de non-payement par les abonnés sur lesquels les autorités publiques fermeraient les yeux pour des raisons de complaisance. L'entreprise a, selon M. Bensaïd, des recettes de 13 milliards de centimes par trimestre qui servent à la prise en charge salariale de 796 employés, au recouvrement des charges relatives à la consommation d'énergie, aux redevances mensuelles versées au barrage, à celles des frais du siège et enfin aux frais divers. A ce titre il faudra doubler, sinon tripler le chiffre d'affaires de l'entreprise, selon le responsable de l'ADE, pour lui permettre de couvrir l'ensemble des communes de la wilaya, car, expliquera-t-il, «il s'agit dans ce cas de recruter autant d'employés, sinon le double de ceux que nous avons». Par ailleurs l'opération nécessitera bien sûr l'acquisition de matériel. La situation demeurera telle quelle à moins d'une subvention consistante de la part des autorités publiques. Cette subvention sera la bienvenue puisqu'elle permettra non seulement un approvisionnement sain des populations en eau potable mais servira également à la création de quelque 1000 postes de travail et ainsi résorber un tant soit peu le chômage qui règne dans les différentes communes. Déjà très ardue, la tâche de réhabilitation du réseau qui incombe à l'ADE est aggravée par les mauvais payeurs, souligne Dali Bensaïd. D'abord un réseau qui souffre de la vétusté. Des canalisations vieilles appelées à être remplacées alors que d'autres doivent carrément être refaites, puisqu'elles étaient mal conçues au départ. Des tubes installés parfois à 30 voire même à 10 cm de profondeur alors que la norme exige une profondeur minimale de 70 cm. De pareilles installations induisent automatiquement des pannes causées par les ruptures sous le poids des véhicules lourds en temps normal et le gel pendant l'hiver comme cela a été le cas lors des dernières intempéries où plusieurs communes ont eu recours aux camions-citernes pour la distribution de l'eau potable. D'autre part le directeur relève le comportement des abonnés mauvais payeurs et qui ne représente pas de simples exceptions, puisqu'il nous déclare que «60% des habitants de la daïra de Barika et ceux de la daïra de Merouana ne payent pas leurs redevances à l'entreprise. Lorsque celle-ci intervient pour les y obliger, il leur suffit de fermer la route pour que les autorités intercèdent en leur faveur». Voilà une situation qui permet de conclure qu'il faut cesser d'apporter des solutions politiques à des problèmes d'ordre économique. A ce train il sera facile de déclarer l'entreprise obsolète et l'offrir sur un plateau d'argent à quelque Marseillaise ou Suez des eaux.