Le phénomène de la contrebande prend des proportions alarmantes à In Guezzam, localité située à 450 km au sud de Tamanrasset et à 30 km de la frontière avec le Niger. Lors d'une réunion qui s'est tenue récemment avec le premier magistrat de la wilaya, les notables de la région et les représentants du mouvement associatif n'ont pas caché leur inquiétude face à l'ampleur de ce fléau qui affecte sérieusement la région. L'instabilité sécuritaire que connaissent les pays voisins, ont-ils observé, fait que cette région de l'extrême sud est devenue le lieu de prédilection de contrebandiers de tout acabit. Selon eux, le laisser-aller des autorités locales d'une part, l'omerta des services de contrôle d'autre part ne font qu'aggraver la situation. Et de rappeler que le phénomène de la contrebande porte sur une large gamme de produits subventionnés par l'Etat, destinés essentiellement à satisfaire les besoins élémentaires des habitants de In Guzzam. La nomenclature des produits subventionnés révèle que In Guezzam a bénéficié d'un quota trimestriel de 1475 tonnes de semoule, 320 t de farine, 1118 t de pâtes alimentaires, 88 t de sucre, 91 t de riz, 88 t de légumes secs, 2400 t de ciment, 40 t de barres de ferraillage et 40 t de bois de coffrage. «Ces quantités couvrent certainement nos besoins», estime Taguida Bassi, président de l'Association de protection des consommateurs de In Guezzam. La région dispose de 88 structures de vente de produits alimentaires et de 40 autres de commercialisation de matériaux de construction. «Cependant, en très peu de temps, les étals des magasins se vident, à notre grand étonnement. Où passent ces produits ? La majorité des habitants crient à la rareté et se rendent au chef-lieu de wilaya pour s'approvisionner !», dénonce M. Taguida, qui dit avoir adressé trois requêtes à la direction du commerce pour faire part des préoccupations des consommateurs. «Cependant, aucune suite n'a été donnée à nos requêtes», regrette-t-il. Les services de sécurité, par manque de professionnalisme ou par «complicité», sont souvent mis à l'index par des habitants de In Guezzam en raison notamment de «failles» et autres «fuites» lors d'opérations visant des barons de la contrebande. Pour remédier à cette situation, le wali de Tamanrasset, Meziane Saïd, a rappelé qu'une boîte aux lettres destinée à recueillir les doléances et les requêtes des citoyens a été mise en place au niveau de ses services. «La lutte contre la contrebande n'est pas seulement l'affaire des autorités, mais également la vôtre. Il faut s'organiser et s'impliquer directement afin de faire face à ce fléau qui cause d'énormes préjudices au Trésor public», a-t-il déclaré. Il a, à cette occasion, mis en exergue le rôle des notables dans la lutte contre la contrebande dans le Sud en général et à Tamanrasset en particulier. «Il faut se constituer en association et travailler en étroite collaboration avec les services de sécurité», a-t-il préconisé.