En vue de manifester leur solidarité à Abdelkader Kherba, vice-président de la Commission nationale de défense des droits des chômeurs, les travailleurs du préemploi ont manifesté, hier, devant la Grande-Poste à Alger. Venus de différentes régions d'Algérie, ces travailleurs dans le cadre du préemploi ont appelé à la libération de M. Kherba. «Y'en a marre de Serkadji. Libérez Kherba», ont clamé les jeunes manifestants. Faut-il rappeler que Abdelkader Kherba, détenu à la prison de Serkadji, observe une grève de la faim depuis le 18 avril dernier. Ce militant des droits de l'homme a été accusé d'attroupement au moment où il voulait manifester sa solidarité avec les greffiers et les corps communs de la justice. Son procès s'est tenu jeudi dernier. Une autre manifestation de protestation est prévue pour le 10 mai prochain, jour des élections législatives. Par cette action, ces jeunes en contrats à durée déterminée (CDD) veulent prendre le peuple algérien à témoin. Pendant plusieurs heures, hier, ils ont arboré des affiches portant sur leur statut, la précarité de l'emploi et les inégalités sociales. De nombreux agents de police ont été dépêchés sur place pour disperser la foule attirée par les slogans des jeunes manifestants. Le rôle de la police, qui, d'habitude, réprime les manifestations et disperse les foules, s'est réduit hier à isoler le groupe de manifestants du reste des citoyens. Des jeunes venus de régions lointaines ont expliqué leur cause à la population algéroise. Une foule s'est constituée et c'est à ce moment-là que les policiers ont constitué un cordon pour séparer les manifestants de leur public. Les jeunes universitaires ne sont venus en fait que pour exécuter leur menace publiquement. Ils ont tranché pour le boycott des élections. «600 000 travailleurs dans le cadre du préemploi ainsi que leurs familles ne vont pas voter le 10 mai», a déclaré Malika Fallil, coordinatrice nationale de la Commission des travailleurs du préemploi affilié au Snapap. Tous détenteurs d'un diplôme universitaire, ils revendiquent un emploi stable et un salaire décent. Ils ont pris la parole à tour de rôle pour exprimer leur colère. «Vous parlez des jeunes, on est là», a défié un manifestant, à quelques mètres de l'endroit où sont plantés les panneaux pour la campagne électorale. Ils ont lancé des slogans hostiles aux élections, aux partis et à tout ce qui a trait à la politique, qu'ils qualifient de «leurre».