La politique de l'emploi, adoptée jusqu'à présent, est sans aucun doute satisfaisante du point de vue des bilans chiffrés, mais elle reste bien en deçà des attentes, les dispositifs mis en place n'assurant en définitive que des emplois temporaires. Des milliers de jeunes se retrouvent ainsi dans une situation précaire les poussant à monter au créneau et à dénoncer. Le mouvement de protestation observé dimanche par des jeunes employés dans le cadre du dispositif du préemploi, remet sur le tapis le problème de la précarité de l'emploi. Les jeunes refusent en effet de travailler pour une période de deux ou trois ans puis se retrouver à nouveau dans la précarité sociale. Les contrats de travail ne sont plus renouvelés depuis quelque temps suite à une décision du Premier ministre, affirme la représentante du Comité national des travailleurs préemploi et le filet social affilié au Syndicat national autonome des personnes de l'administration publique (Snapap), Malika Fillal. Qualifiant cette politique de l'emploi adoptée par l'Etat d'«un vrai échec», Malika Fillal estime que «ces jeunes universitaires sont exploités puisqu'ils travaillent de 8h à 16h pour un salaire dérisoire devant être attribué comme pension de chômage et non comme salaire». Parmi les revendications du comité, entre autres, l'intégration des travailleurs mais aussi ceux ayant fait l'objet de licenciement dans des postes permanents ainsi que la suspension définitive du système de recrutement de contrats à durée déterminée (CDD). Et c'est pour exprimer leur ras-le-bol de cette situation que les protestataires recrutés dans le cadre des différents types de contrat de pré-emploi et du filet social, se sont rassemblés dimanche devant la maison de la presse Tahar-Djaout à Alger-Centre pour réclamer leur intégration sans aucune condition et la suppression des concours de recrutement dans la Fonction publique jusqu'à régularisation de la situation des contractants actuels, sans quoi ils menacent de boycotter les prochaines élections. Ils revendiquent également le droit à la retraite, la fin du travail précaire et l'ouverture d'un dialogue avec les responsables du secteur. Au départ, ces jeunes avaient décidé de mener ce mouvement de contestation devant le ministère du Travail mais ils en ont été empêchés par les forces de l'ordre. «Le placement dans le cadre du préemploi n'est que du bricolage, au bout de deux ou trois ans nous risquons de nous retrouver au chômage», s'insurge une jeune manifestante diplômée en informatique. Venus de différentes wilayas du pays pour crier leur colère, les manifestants ont exprimé leur mécontentement et leur déception quant à la politique de replâtrage initiée par la tutelle. Ils estiment que ce dispositif offre «une pension de chômage plutôt qu'un salaire décent». Ils demandent le départ du ministre de tutelle. «Plusieurs travailleurs ont dû quitter notre entreprise après la fin de leur contrat , moi-même je suis menacée sachant que mon contrat va expirer dans un mois, je dois dès à présent chercher un job si je ne veux pas chômer de nouveau», nous confie Lamia de Saoula, technicienne supérieure en informatique. A noter enfin que près de 600 000 jeunes diplômés placés par l'Anem menacent de faire une contrecampagne électorale.