Même si les cimetières chrétiens sont des concessions privées, il n'en demeure pas moins que les autorités locales doivent les prendre en charge en les protégeant des intrusions et de la dégradation. Le cimetière chrétien de Réghaïa est dans un état de délaissement total. Le gardiennage n'étant pas assuré, ce lieu de sépulture est devenu un espace où des délinquants s'adonnent à la consommation de drogue et d'alcool. Le portail, en permanence ouvert, facilite l'accès au cimetière. Ainsi, des individus y pénètrent de nuit, s'installent et s'adonnent à tous les dévergondages possibles. A proximité du portail, une petite chambre, servant ordinairement de loge pour le gardien, est utilisée par les délinquants comme lieu de débauche. Si les cimetières chrétiens sont des concessions privées, il n'en demeure pas moins que les autorités locales doivent les prendre en charge en les protégeant des intrusions et de la dégradation. Le cas du cimetière chrétien de Réghaïa relève de l'imaginaire, car à une dizaine de mètres des sépultures, se trouve le siège de l'APC. «Les responsables locaux, qui ont leurs bureaux en face du cimetière, ignorent-ils l'état dans lequel se trouvent les tombes», s'interrogent quelques habitants de la ville, avant d'ajouter : «Les élus locaux ont d'autres préoccupations. Ils n'ont vraisemblablement pas de temps à consacrer au cimetière chrétien ni même aux besoins de la population locale dont le cadre de vie ne cesse de s'altérer.» Mais ils reconnaissent cependant la situation déplorable du cimetière, «la responsabilité des responsables locaux dans la détérioration du cimetière est avérée», reconnaît un élu à l'assemblée, avant d'ajouter : «Néanmoins, le cimetière chrétien de Réghaïa est inclus dans l'opération de regroupement des cimetières.» Par ailleurs, d'autres cimetières chrétiens de la capitale connaissent le même laisser-aller. A Zarzouria, dans la commune de Aïn Taya, le cimetière a été longtemps livré au pillage et aux délinquants. Les tombes ont été éventrées, les caveaux saccagés et les arbres abattus. Ce n'est qu'après la construction d'un mur d'enceinte que le cimetière a retrouvé une certaine accalmie, cependant après un tort irréparable. D'autres cimetières ont complètement disparu, à l'instar de celui de Larbatach, dont il ne reste que quelques vestiges de pierres tombales témoignant de son existence. A Bordj El Kiffan, le même sort a été réservé au cimetière chrétien de la ville. En dépit de l'existence d'un mur de clôture, les sépultures n'ont pas échappé à la dégradation, et le lieu est devenu un endroit où les délinquants s'adonnent, en toute impunité, à leurs sinistres besognes.«Des individus pénètrent régulièrement dans le cimetière pour consommer de l'alcool et de la drogue», s'indigne un habitant de la ville, et de poursuivre : «Pour sécuriser le cimetière, il convient d'installer une loge de gardiennage et de doter le lieu de gardiens en permanence.»Aussi, de l'avis de plusieurs habitants, dont les maisons sont mitoyennes avec ces cimetières abandonnés, «il serait convenable de renforcer les rondes de police dans ces cimetières, ce qui permettra de protéger les lieux de la dégradation», suggère-t-on.