La situation au Mali va de mal en pis. Au Nord, le MNLA peine à contrôler son territoire, l'Azawad, qu'il dispute à Al Qaîda et aux cartels de la cocaïne. A Bamako, des affrontements ont opposé la garde présidentielle loyale au président renversé Amadou Toumani Touré aux militaires putschistes. Le Mujao tente une incursion en territoire algérien et perd dix de ses éléments. Les négociations sur la libération des sept otages algériens qu'il détient se poursuivent réclame la libération d'une quarantaine de ses membres détenus en Algérie. Rien ne va plus au Mali. Au Nord, le Mouvement pour la libération de l'Azawad (MNLA peine à contrôler le territoire qu'il dispute avec les nombreux autres groupes armés dont ceux d'Al Qaîda, et les cartels de la cocaïne, alors qu'à Bamako, la junte militaire, qui a renversé le 22 mars dernier ATT (Amadou Toumani Touré), affronte, depuis lundi soir, la garde présidentielle loyale au président déchu. En effet, selon des témoins repris par la presse locale, des échanges de tirs nourris ont été entendus au centre de Bamako et dans le camp militaire de Kati, quartier général de l'ex-junte au pouvoir, situé à une quinzaine de kilomètres. Aucun bilan n'a été avancé, mais des informations reprises par les médias maliens font état d'une dizaine de morts des deux côtés. Au milieu de la nuit, le siège de l'Office de la radio et de la télévision malienne (ORTM) et l'aéroport de Bamako se retrouvent sous le contrôle des bérets rouges, force loyale à ATT. Au lever du jour, le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, annonce dans un communiqué lu à la télévision malienne avoir maîtrisé la situation à Bamako. Quelques heures plus tard, un de ses représentants apparaît sur l'écran. Il déclare que des attaques visant à déstabiliser le processus de retour à l'ordre constitutionnel ont été menées contre le siège de la télévision, l'aéroport et la caserne de Kati, par des «individus malintentionnés» soutenus par des «éléments de l'étranger» qui, selon lui, ont été arrêtés. Ces lieux stratégiques, dit-il, ont été sécurisés. Selon des témoignages repris par la presse malienne, les troubles auraient éclaté au moment où les bérets rouges se sont opposés à l'arrestation d'Abidine Guindo, ancien chef d'état-major particulier du président ATT, par des militaires putschistes. La rencontre de Ouagadougou Des échanges de tirs nourris ont alors éclaté non loin du siège de la télévision, contrôlé par la junte depuis le coup d'Etat. Mais hier, les tirs d'armes à feu avaient repris dans la matinée, près du camp des forces loyales à ATT situé au centre de Bamako, faisant au moins 14 morts, et une quarantaine de blessés, selon des sources hospitalières citées par les agences de presse. Ces troubles surviennent à la veille d'une rencontre prévue à Ouagadougou entre des ex-putschistes et le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, qui a été annulée. Cet incident, deux jours après le refus de la junte des décisions de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), notamment l'envoi de soldats au Mali pour sécuriser la transition après le putsch du 22 mars, mais également celle de fixer (par la Cédéao) la période de transition à douze mois, jusqu'à la tenue d'élections présidentielle et législatives. Remettant ainsi les compteurs de la situation de crise à zéro. Au Nord, la concentration est sur cette réunion des chefs de tribu de l'Azawad, prévue incessamment à Kidal, le terrain de prédilection d'une bonne partie des groupes islamistes armés, surtout Ançar Eddine, Ansar et Al Qaîda. «Nous espérons qu'à l'issue de cette réunion, les groupes armés décideront de remettre leurs armes au mouvement, qui est la seule structure habilitée à instaurer l'autorité sur le territoire. Nous voulons débarrasser le Nord de tous les étrangers qui menacent notre sécurité et celle de nos voisins», déclare le commandant Moussa du MNLA, qui dirige le camp militaire de Ashebrach, situé au nord de Kidal, non loin de Tin Zaouatine (en territoire malien). Il se montre optimiste et affirme que les éléments du Front de libération de l'Azawad (FLNA), ayant occupé durant le week-end dernier quelques quartiers de la ville de Tombouctou, «ont été sommés de quitter les lieux et se trouvent actuellement non loin de la frontière mauritano-malienne». A propos de la présence de quelques groupes d'Al Qaîda dans la région de Tin Zaouatine, l'officier révèle qu'«une Toyota Station, transportant des éléments de Boko Haram (le Mouvement pour l'unité du jihad en Afrique de l'Ouest), aurait traversé la région de Tin Zaouatine, mais a été interceptée par l'armée algérienne qui l'a fait exploser avec ses dix occupants. Le 4x4 venait juste de traverser la frontière. Nous ne savons rien de plus». Les notables de Gao et de Kidal L'information reste très confuse parce que d'autres sources affirment que c'est le MNLA qui aurait informé l'Algérie de l'avancée d'une colonne de Toyota Station appartenant au Mujao vers son territoire. Elle a été prise en chasse par un hélicoptère de combat militaire qui l'a fait exploser, avec ses occupants. Les mêmes sources précisent que cette organisation, qui détient les sept otages enlevés le 5 avril dernier, du consulat d'Algérie à Gao, est toujours en négociation pour la libération des captifs. «Les contacts se font par le biais de notabilités des régions de Gao et de Kidal. Les terroristes veulent faire échanger les otages contre une quarantaine de leurs acolytes détenus en Algérie, parmi eux, des Maliens. Le problème, c'est qu'il n'est pas évident que l'Algérie accepte. Ce n'est pas de ses habitudes. Les contacts sont toujours maintenus et les tractations risquent de durer longtemps. Ce qui est certain, c'est que les otages se portent bien. Etant donné qu'ils sont tous musulmans, ils seront traités non pas comme des otages concernés par la ‘fidya' (rançons), mais plutôt comme des prisonniers à échanger contre d'autres prisonniers», souligne notre source. Du côté algérien, les autorités, restées très discrètes sur le sujet, préfèrent miser sur les personnalités assez influentes au nord du Mali pour «libérer les otages sans aucune contrepartie». En effet, selon nos sources, «l'Algérie n'a pas pour habitude de négocier avec des terroristes et encore moins à répondre à leurs revendications. Les négociateurs le savent très bien. C'est pour cette raison que l'affaire va devoir prendre du temps», déclare notre interlocuteur. En tout état de cause, la situation au Mali est en train de basculer vers l'inconnu. Il n'est pas exclu que dans les jours à venir, de nouveaux affrontements peuvent éclater entre les différentes factions armées au nord du pays, et que Bamako soit le théâtre de la lutte armée autour de la prise du pouvoir. Le pire des scénarios.