Plus de 4712 t de dons humanitaires destinés au Polisario sont bloquées depuis près d'une année dans les ports et aéroports d'Algérie à cause de la situation de paralysie qui caractérise le Croissant-Rouge algérien (CRA), a-t-on appris de sources portuaires. Ces dons, collectés par des associations espagnoles, autrichiennes, suédoises, italiennes et australiennes, n'ont pu être dédouanés par le CRA, seul organisme chargé de réceptionner les dons au profit du Polisario, et de s'acquitter de tous les droits et taxes y afférents. La « guerre » lancée par le ministère de la Solidarité, pour le contrôle de cette ONG humanitaire, statutairement indépendante des pouvoirs publics et autonome, a eu pour conséquence la paralysie totale de ses activités et de ses comptes bancaires. Le ministère de la Solidarité a accusé publiquement le Comité provisoire de direction (CPD) de « n'être pas capable » de convoquer une assemblée générale pour renouveler les élections, et de ce fait, il a annoncé l'installation d'une commission interministérielle chargée de cette mission en se basant, comme il l'a expliqué, sur l'article 25 du statut du CRA qui habilite en cas de vacation des organismes du Croissant-Rouge, ou de non-tenue de l'assemblée générale ordinaire, les pouvoirs publics à intervenir. Pour leur part, les membres du conseil national du CRA ont affirmé que « le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale a suspendu la tenue de l'assemblée générale élective, à travers l'arrêté n°05/03 promulgué par le ministère, stipulant l'installation de la commission intersectorielle préparatoire de l'assemblée générale élective du Croissant-Rouge algérien. Cette commission dispose de trois mois pour préparer l'assemblée générale ». Cette période s'est écoulée, puis prolongée pour la même durée. L'action en justice engagée par le CPD a rendu une décision en sa faveur au mois de juin dernier, alors qu'en février, c'est le Conseil d'Etat qui a statué dans le fond en annulant toutes les décisions du ministère de la Solidarité. Au même moment, une plainte pour dilapidation a été engagée contre les membres du CPD et l'affaire est actuellement en instruction. Ce conflit a, néanmoins, eu des conséquences néfastes sur la gestion des dons destinés au Polisario. Faute de partenaire chargé de la prise en charge de ces containers, ces derniers sont tout simplement bloqués dans les ports et les aéroports. Selon certains volontaires du CRA, ces dons sont constitués, entre autres, de denrées alimentaires et de médicaments, dont une grande partie arrive incessamment à sa date de péremption et risque ainsi d'être inutile au moment où la population sahraouie en a le plus besoin. Plus grave, ces dons bloqués engendrent d'énormes frais liés aux surestaries, dont les montants dépassent parfois largement le prix de la marchandise. Cette grave crise est en train de connaître des répercussions négatives et désastreuses sur les donateurs. Bon nombre d'entre-eux, nous a-t-on affirmé de sources proches du CRA, menacent de ne plus envoyer de dons eu égard aux énormes frais qu'ils sont obligés de payer à cause de la défaillance du Croissant-Rouge. Une telle décision sera fatale pour les Sahraouis qui vivent depuis plus d'une année une situation humanitaire catastrophique, aggravée par les dernières inondations dans plusieurs de leurs localités. Des appels à l'aide internationale ont été lancés par les responsables du Polisario, mais les réponses n'ont pas été à la hauteur de la crise. Une intervention urgente des pouvoirs publics est donc fortement attendue pour faire en sorte que les containers bloqués puissent arriver à destination. Pour sa part, le ministère de la Solidarité a reconnu l'existence de 22 containers seulement sur 210. Il a précisé avoir réglé le problème en levant le gel sur les comptes du CRA. Les premiers dons ont déjà été acheminés, a-t-on indiqué auprès de ce ministère. Une affirmation en porte-à-faux avec les déclarations d'un responsable du port d'Oran qui a révélé que 4 containers sont bloqués depuis six mois alors que 18 autres le sont depuis un mois. Même situation à Alger et dans d'autres entrepôts sous douane.