Le retour à la normalité au sein du Croissant-rouge algérien, qui passe nécessairement par l'élection démocratique des organes dirigeants, réduira à l'avenir tout risque de blocages des aides destinées aux réfugiés sahraouis. Le gros des dons humanitaires destinés aux réfugiés sahraouis, qui étaient bloqués au port d'Oran depuis plusieurs mois, a fini par être acheminé vers Tindouf, au sud-ouest algérien. Cette nouvelle a été annoncée hier à Liberté, par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité et les responsables désignés par le ministre à la tête du croissant-rouge algérien (CRA). De l'avis de M. Benchenoune, chargé de la communication au ministère, la situation au 8 mars dernier indique que 209 containers de 4 131,73 tonnes, livrés pour la plupart par des ONG européennes et le programme alimentaire mondial (PAM) et transportant des aliments de première nécessité (lait, farine, sucre, lentilles, médicaments, etc.), ont quitté le port d'Oran et sont expédiés aux camps des réfugiés. “La situation des dons en souffrance a été assainie”, a-t-il déclaré, précisant que les envois de dons se poursuivent et “sont réglés au fur et à mesure”. Le même optimisme est affiché au niveau du CRA, qui rappelle que “tout ce qui a été bloqué au port d'Oran a été réglé”. Côté sahraoui, on reconnaît que la situation au port s'est beaucoup améliorée ces dernières semaines, puisqu'il ne reste que 5 ou 6 containers en attente. Pourtant, on croit dur comme fer que c'est le retour à la normalité au sein du CRA qui repoussera tout risque d'interruptions des aides auprès des réfugiés. “Tant qu'il n'y a pas de mécanismes établis, clairs et connus, la menace de nouveaux blocages au niveau du port sera présente. Tant que la situation du croissant-rouge algérien, qui est l'agent humanitaire étatique, n'est pas normalisée, le problème risquera de se poser à nouveau”, a souligné Ammi Balla, représentant de la cellule CRA/CRS. Pour rappel, plus de 210 containers étaient bloqués au port d'Oran, certains depuis l'été dernier. Les séjours prolongés des aides humanitaires, qui pénalisent en premier lieu les réfugiés sahraouis vivant de l'aide humanitaire internationale, ont non seulement affecté des produits alimentaires et médicamenteux, mais occasionné aussi des frais très coûteux pour les donateurs. Tout a commencé en 2004, lorsque le CRA a reporté son assemblée générale élective statuaire à la fin de l'année, sous l'argument de la tenue de la Conférence panafricaine des croix et croissants rouges, programmée en septembre. Le non-respect des délais aurait alors permis au ministre de la Solidarité d'intervenir en personne et de désigner, dès le 16 janvier 2005, de nouveaux responsables du CRA. Seulement les choses ont pris une nouvelle tournure, puisque Ould-Abbès a décidé de reconduire le comité provisoire intersectoriel et ce, en dépit de la décision du 14 juin 2005 du Conseil d'Etat portant sur sa suppression. Interrogé sur la situation qui prévaut au sein du croissant-rouge algérien, M. Benchenoune a reconnu que les perturbations ayant agité “à un moment donné” le CRA ont eu des répercussions négatives sur les activités de l'ONG, entre autres sur la gestion des aides aux réfugiés sahraouis au port d'Oran. S'appuyant sur l'article 25 des statuts du croissant-rouge, le représentant du ministère de la Solidarité a affirmé que le comité intersectoriel a été installé en janvier 2005 pour préparer l'AG élective. “L'assemblée générale se tiendra dans 3 ou 4 mois”, a-t-il précisé, une fois que “la représentativité de la base” au niveau des wilayas sera avérée. Mais, que devient l'arrêt exécutoire du Conseil d'Etat ? Hafida Ameyar