Mohamed Moulay est décédé, samedi dernier, à l'âge de 67 ans, à Alger. C'est lui qui a révélé, au quotidien français Le Monde, l'implication de Jean-Marie Le Pen dans les tortures durant la sanglante Bataille d'Alger. C'était le 4 mai 2004, à la veille du second tour de la présidentielle française : «Jean-Marie Le Pen a évincé Lionel Jospin au premier tour et se retrouve en compétition avec Jacques Chirac. Si Mohamed Moulay a accepté de se confier au Monde, c'est parce que ‘'la situation est grave, dit-il. Un homme qui a les mains pleines de sang prétend entrer à L'Elysée''», écrivait la journaliste Florence Beaugé qui l'avait interviewé. «Mohamed Moulay a perdu son père le 3 mars 1957. Dans la nuit, une patrouille d'une vingtaine de parachutistes conduite, selon les témoins, par un homme grand, fort et blond, que ses hommes appellent ‘'mon lieutenant'' et qui se révèlera plus tard être Jean-Marie Le Pen, fait irruption au domicile des Moulay, un petit palais de La Casbah. Ahmed Moulay, le père, 42 ans, va être soumis à la ‘'question'' sous les yeux de ses six enfants et de sa jeune femme. Supplice de l'eau, torture à l'électricité... Le calvaire va durer plusieurs heures. Ahmed Moulay refuse de donner les noms de son réseau du FLN. Il va en mourir», rappelle la journaliste du Monde. En quittant le domicile des Moulay, Le Pen oublie son poignard que, Mohamed, le fils d'Ahmed, cache. Le Pen et ses hommes reviennent plusieurs fois chercher ce fameux poignard, en vain. «Devenu adulte, Mohamed Moulay gardera l'arme chez lui, pendant quarante ans. Le poignard arrivera en France, début 2003, dans la valise de l'envoyée spéciale du Monde à Alger. Il servira de pièce à conviction dans le procès que le leader du Front national a intenté au journal pour ‘'diffamation''. Jean-Marie Le Pen perdra ce procès ainsi que son appel et verra son pourvoi en cassation rejeté. Le poignard se trouve toujours à Paris, dans le coffre-fort de l'avocat du Monde, Yves Baudelot. Il va repartir en Algérie d'un mois à l'autre pour rejoindre le musée des moudjahidine», écrit encore Le Monde.