Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, s'est comporté comme un manager d'entreprise lors de sa visite à Bruxelles, mercredi. Entre 13h, heure de son arrivée, et 18h, heure de la fin de sa visite, M. Ouyahia a pu relancer des dossiers de coopération aussi bien avec la Belgique qu'avec l'Union européenne. D'abord chez le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, première étape de sa visite, il a avalisé la reconduction du contrat gazier avec la Belgique, contrat qui vient à échéance en décembre 2006. Cependant, le chef du gouvernement a été avare en propos sur le contenu de ce nouveau contrat. « Nous avons d'excellentes relations avec le royaume belge. Nous n'oublions pas son attitude courageuse et son soutien aussi bien durant la guerre de libération que durant celle de la décennie noire », s'est-il contenté de dire lors de la conférence de presse qu'il a accordée, en début de soirée au siège de l'ambassade d'Algérie, à la presse nationale accréditée à Bruxelles. Il a relevé par ailleurs que le volume des échanges avec ce pays s' intensifiera et se diversifiera autant que possible à l'avenir. Rappelons que les secteurs de coopération avec la Belgique touchent essentiellement au tourisme, à la formation professionnelle, à la maintenance industrielle et à l'environnement. C'est vers 17h que M. Ouyahia s'est rendu chez Manuel Barroso, président de la Commission européenne, pour faire le point sur l'impact de l'accord d'association UE-Algérie, entré en vigueur depuis le 1er septembre 2005. C'est aussi une manière d'introduire la réunion du premier conseil mixte de partenariat qui se réunira à Bruxelles, le 21 mars prochain. Ce conseil va être axé sur la mise en route des instruments de partenariat, la précision des quotas commerciaux, leurs niveaux de taxation...Mais là aussi, les problèmes de l'énergie ont été soulevés. « 90 % de nos exportations en gaz se font vers l'UE. Au vu des derniers développements sur la question énergétique en Europe, il est tout à fait normal que nous puissions revoir notre partenariat pour nos intérêts réciproques », a-t-il déclaré. Dans cet ordre d'idées, le Premier ministre a déclaré avoir sollicité le soutien de l'UE pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Répondant à une question sur la question de la circulation des personnes, eu égard aux dernières propositions de l'UE (prix des visas, quotas...), le Premier ministre a été catégorique : « Je comprends les préoccupations des Européens, mais donner la priorité (des visas) aux catégories de cadres, chercheurs et autres diplomates me semble discriminatoire. Il faut considérer tous les Algériens de la même manière », a-t-il expliqué en substance. Sur un autre chapitre, celui de la faiblesse en termes de volume et de qualité de notre partenariat avec l'Union européenne, comparativement avec ce qui se fait entre l'UE et nos voisins maghrébins, M. Ouyahia a abondé, dans un discours généraliste, en rejetant la responsabilité d'abord sur l'UE. « Nous avons nos problèmes de bureaucratie, mais les Européens ne sont pas mieux placés », a-t-il dit en substance, avant de citer les retards observés dans l'engagement effectif des crédits alloués. L'exemple du financement du barrage de Taksebt, qui est passé de 18 milliards à 30 milliards à cause de 4 ans de retard imputables à la Banque européenne d'investissement (BEI), est à ce sujet révélateur. Toutefois, une question reste posée : par quel miracle, Marocains et Tunisiens arrivent-ils à un partenariat avec l'UE plus intense et plus rentable en termes d'impact sur leurs économies, avec moins d'atouts que l'Algérie ? En revanche, reconnaissons à M. Ouyahia ses capacités de manager, puisque des dossiers aussi lourds ont été bouclés en une demi-journée de travail. Il a regagné Alger dans la soirée de mercredi.