Seuls 100 électeurs sur les 10 617 inscrits ont voté, hier, dans les deux bureaux de vote du consulat d'Algérie à Montréal, au premier jour des élections législatives qui s'étaleront jusqu'au 10 mai. Montréal. De notre correspondant Cette faible participation est très loin de celle enregistrée aux dernières élections de 2007, où elle était de 14% – un faible taux par ailleurs. Habituellement, la participation est à son maximum les samedi et dimanche. Avec ce nombre de votants pour une fin de semaine, il est à prévoir que les autres jours, ce ne sera pas mieux, car les potentiels électeurs seront pris par leur travail. Les guichets des services consulaires (passeports et autres) étaient bondés comme à l'accoutumée. Cela bat l'argument qui veut que le beau temps a nui à la participation : les gens auraient préféré profiter de la journée que d'aller voter. En 2007, à cause d'une concurrence acharnée entre les candidats, il y a eu plusieurs centaines de votants au premier jour. Cette année, avec le nouveau découpage électoral qui a mis le Canada, les Etats-Unis et toute l'Europe, à l'exclusion de la France, dans la même circonscription, la zone 4, les candidats ne savent plus où donner de la tête quand les électeurs sont séparés par l'Atlantique. Même la carte internet n'a pas donné de résultat. Les autorités algériennes à Montréal ont essayé de convaincre les candidats d'aller chercher les votants même chez eux s'il le fallait, car «tout se joue à Montréal» pour les persuader et qu'il est faux de dire que tout se jouera en Europe pour la zone 4. Apparemment, cela n'a pas eu d'effet, puisque même les candidats de Montréal n'ont pas pu mobiliser grand monde. Sur les 17 listes de la circonscription, quatre sont de cette métropole. Elles ont mobilisé, théoriquement, 25 personnes chacune. Ne pas voter, «un acte citoyen»… L'abstention et le boycott se font ressentir au Petit Maghreb, quartier où l'on trouve beaucoup de commerces d'Algériens. Les affiches électorales sont pratiquement absentes. Les matchs de football des championnats européen et latino-américain restent la principale attraction des cafés. Lyès, un Blidéen qui vit à Montréal depuis 2008, rencontré au café Sable d'Or, est catégorique : «Je n'irai pas voter. La dernière fois où je l'ai fait c'était en 1991. Regardez, les candidats n'ont même pas l'apparence de gens honnêtes. La démocratie ne viendra certainement pas avec ces têtes-là.» Abdelkader, son ami, est un Algérien vivant en Finlande. Il est en mission à Montréal. Pour lui, «ça ne sert à rien de voter. C'est devenu un business. Ca ressemble plus à une mafia politique qu'à autre chose». Même son de cloche au café Tikjda. Zahir, un orthophoniste de 35 ans, qui vit à Montréal depuis 3 ans, n'ira pas voter lui aussi. «Ne pas voter est un acte citoyen», affirme-t-il. Zouheir, un ancien syndicaliste, vit à Montréal depuis 6 ans : «Cela ne sert à rien de voter. Les jeux sont faits. C'est qu'une question de quota», affirme celui qui regrette que le FFS, avec sa participation, crédibilise ces élections et «légitime le pouvoir pour les cinquante prochaines années». En tout cas, le faible taux de participation à Montréal n'augure rien de bon pour le pouvoir algérien, qui cherche une participation massive. Le problème est qu'il ne fait rien pour, car comment expliquer l'opacité qui entoure ces législatives, ne serait-ce que pour le fichier électoral de la diaspora ou la fermeture de la commission électorale de Washington aux médias ?