Les médias algériens assurent-ils une couverture équitable et impartiale de la campagne électorale des législatives de demain ? Pas tout à fait, à en croire les conclusions préliminaires de «média monitoring» effectuées par la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH). Globalement, les médias, tous types confondus, ont péché par manque de pédagogie et «une absence totale d'éducation électorale, rôle que la presse devait jouer», en abordant ce scrutin, tout particulièrement auprès des trois millions de nouveaux électeurs. «Les médias n'ont ainsi pas fait leur travail d'information auprès des citoyens, en l'absence de ce travail de la part de l'administration», explique Me Nouredine Benissaâd, président de la LADDH. De même, et s'agissant des médias lourds, tout particulièrement de la télévision publique, «il n'y a pas de débats contradictoires et démocratiques sur ces élections, et aucune visibilité des partisans du boycott. Par contre, il y a beaucoup de propagande pour inciter au vote, sans toutefois expliquer comment faire, poursuit-il. Il a aussi été observé 2,95% d'espace de publication dans la presse écrite aux publicités partisanes, et ce, malgré leur interdiction par la loi. Cette observation des médias et de son traitement de la campagne électorale et de ses acteurs a été menée du 15 au 25 avril et a consisté à analyser la visibilité des partis et candidats. Ces taux ont été calculés en temps pour les organes audiovisuels et en centimètres carrés pour les journaux. Cette opération a été menée en partenariat avec l'ONG danoise International Media Support (IMS), ainsi que l'Arab Working Group for Media Monitoring (Groupe arabe d'observation des médias). L'organe qui a assuré, jusqu'à l'heure, la couverture médiatique la plus équilibrée en termes de temps de parole des candidats est la télévision publique. Ainsi, l'ENTV a, selon le rapport préliminaire, accordé une répartition du traitement «relativement équilibrée par rapport aux autres types de médias (presse et radio), le temps dédié aux partis politiques variant entre 0,50% et 3,93%». Ce qui n'est donc pas le cas des autres organes. La presse écrite privée, par exemple, a accordé 21,11% de son espace au gouvernement, 12,87% au FLN, 5,09% au FFS, 1,53% aux indépendants, tandis que plus de 20 partis, essentiellement nouveaux, ont dû se partager 8,75% de l'espace de couverture. Toutefois, les journaux indépendants, essentiellement El Watan et Liberté, ont accordé 3,35% aux partisans du boycott. Pour la presse écrite publique, le gouvernement a occupé 20,52% des publications, tandis que plus de 20 partis se sont partagés 11,79%. Les candidats indépendants ainsi que les partisans du boycott y ont totalement été occultés. Le rapport final de cette étude sera rendu public en juin prochain et inclura le ton et l'orientation de la couverture, qu'elle soit négative, positive ou neutre.