La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme a présenté, hier, les premiers résultats de l'opération de monitoring des médias menée durant la campagne électorale des législatives. Lancée en partenariat avec le Groupe Arabe de Monitoring Media (AWGMM) et l'organisation internationale Media Support (IMS), l'exercice couvrant la période du 15 au 25 avril 2012, consiste à observer la couverture faite par les différents types de médias afin d'évaluer si ceux-ci ont «assuré un traitement indépendant, impartial, responsable et équitable de l'événement», note un communiqué de la Laddh. En termes d'échantillonnage, l'étude à opté pour neuf quotidiens, trois radios publiques, la télévision publique et les deux nouvelles chaînes satellitaire Ennahar TV et Echourouk TV émettant à partir de la Jordanie. Pour la presse écrite, neuf titres ont été mis sous la loupe. Quatre en langue arabe : El Chaâb (Public), El Khabar, Echourouk el Yaoumi et Ennahar El Djadid (trois organes privés). Et cinq de langue française : El Moudjahid (public), El Watan, Liberté, le Soir d'Algérie et le Quotidien d'Oran (quatre privés). Le choix des titres de la presse écrite s'est effectué selon le nombre de ventes, précise le rapport. Rappelons que le nombre de quotidiens en Algérie est de 94. Ainsi, le rapport préliminaire du monitoring livre ses constats par type de support. La presse écrite d'abord : il est relevé l'absence totale de l'éducation électorale, la faible part accordée aux candidates (5,38% de l'espace réservé à l'événement) ainsi que l'absence de journalisme d'investigation et de proximité (0,73%). Le traitement réservé aux acteurs politiques détonne par la similitude des espaces publiés qui dénote d'une convergence quasi similaire des organes publics et privés. Dans les statistiques présentées, le Gouvernement, le président de la République et les partis de ce qui constituait l'Alliance présidentielle (FLN, RND et AAV) raflent le gros des espaces. Dans ce genre d'informations «institutionnelles» ce sont même les médias privés qui dament le pion aux publics. Il est également noté que les indépendants ont reçu seulement 1,53% d'espaces, alors que 20 partis politiques (sur les 44 en lice) se partagent 8,75%. Pour les radios publiques, l'impartialité du traitement de l'information était également de mise puisque ce sont les mêmes belligérants qui occupent le grand volume des espaces horaires dédiés à la campagne. Toutefois, il est utile de signaler que la différence entre le temps imparti aux partis politiques est quasi équitable. Sauf que le gouvernement remporte toujours le gros lot. Idem pour la télévision publique. Cette tendance est moindre dans les nouvelles télévisions privées où le PLJ (le parti de la liberté et la justice) vient en pôle position avec 13,59% d'espace. Dans ce rapport préliminaire, il est déploré la ségrégation sexiste de la part de tous les supports médiatiques puisque la presse écrite ne réserve que 5,38% aux candidates contre 6,31% pour les radios et 9,12% pour les télévisions alors qu'elles représentent près de 31% des candidats aux législatives. Il est également mentionné l'absence quasi-totale de la scène médiatique des partisans du boycott. Seuls quelques titres de la presse écrite privée ont réservé 3,35% de l'espace réservé à la campagne électorale à ces voix. S. A.