Les médias algériens, publics et privés, ont grandement favorisé lors de la campagne électorale qui vient de s'achever le candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika, qui brigue un troisième mandat. C'est là la conclusion à laquelle a abouti le monitoring de la couverture médiatique de la présidentielle du 9 avril 2009 mené par une équipe de 15 jeunes sous la coupe de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), dont les résultats ont été exposés hier au siège de l'organisation de Me Mostefa Bouchachi. “Pendant la campagne, les médias algériens n'ont pas mis sur un pied d'égalité les différents candidats. Le gouvernement et les institutions officielles travaillent en faveur d'un candidat”, a relevé le président de la LADDH. Le candidat Abdelaziz Bouteflika a bénéficié de 27,63% de l'espace accordé par la presse à la campagne électorale, alors que le gouvernement en a accaparé 14,91%. L'activité de la candidate du PT, Louisa Hanoune, a été couverte à raison de 10,50%, alors que Mohamed Saïd, le moins chouchouté par les médias, s'est contenté d'un taux de couverture de 8,26%. “Le Président-candidat Bouteflika et le gouvernement ont pris un espace énorme. Il y a un déséquilibre flagrant entre les 6 candidats”, commente M. Khelil. Quant aux tenants du boycott, ils ont bénéficié d'une couverture de l'ordre de 1,72%. Pis, le peu d'espace qui leur est accordé, notamment par les médias lourds, c'était pour les critiquer. Conclusion de M. Khelil : “Les partisans du boycott sont quasiment exclus de la couverture médiatique.” L'autre singularité de la couverture médiatique de la campagne électorale est que son orientation est positive à 70%, négative à 14,1% et neutre à 12,9%. Ce qui a fait dire à M. Khelil que “le débat contradictoire est absent de la campagne électorale pour l'élection d'avril 2009”. Il est à noter que le monitoring a concerné la télévision, deux stations de radio (Chaîne I et Chaîne III) et 11 titres de la presse écrite publique et privée (El Moudjahid, El Watan, Liberté, Le Soir d'Algérie, El Khabar, El Massa, etc.). Pas moins de 17 665 éléments d'information sont traités par l'équipe. Côté presse écrite, El Moudjahid et El Massa sont à la tête des titres qui ont le plus couvert la campagne électorale. D'ailleurs, 45,5% de la matière traitée par l'équipe de la LADDH proviennent de la presse publique contre 34,9% pour la presse privée et 19,5% pour l'audiovisuel. “La presse publique a mis le paquet sur la campagne électorale”, remarque M. Khelil. Faisant une lecture politique de l'étude menée par son organisation, Me Bouchachi a relevé qu'“en matière de présence de la société civile dans une élection libre, le constat est qu'on est en retard par rapport aux autres pays arabes”. Son appréciation de la présidentielle du 9 avril ? “L'élection présidentielle a été pliée le 12 novembre le jour où la Constitution a été amendée. Cette élection est de pure forme et tous les Algériens sans exception connaissent son issue”. Et de prédire : “Les Algériens n'iront pas voter, car ils connaissent d'avance les résultats de cette élection.” Le constat de Me Bouchachi : “L'Algérie de 2009 s'est éloignée de la démocratie et des droits de l'Homme.” Et d'ajouter : “Ce n'est pas un fossé qui s'est creusé entre l'Etat et le peuple, mais un oued.” Présent à la rencontre, Ali Yahia Abdenour, président d'honneur de la LADDH, a indiqué qu'“en 1999, Abdelaziz Bouteflika avait eu le soutien de l'Occident et en 2004 celui des Américains. Aujourd'hui, Européens et Américains observent une certaine réserve. Ce qui les intéresse, ce sont la stabilité du pays et la préservation de leurs intérêts économiques. La démocratie, ce n'est pas leur grand souci. La violence de la campagne électorale de Bouteflika s'explique par son désir de démontrer aux Occidentaux qu'il est aimé de son peuple.” Il est à noter que le rapport final du monitoring sera publié au cours du mois de mai prochain. Arab CHIH