A Annaba comme dans toutes les villes d'Algérie, la campagne électorale était loin de recueillir l'enthousiasme populaire tant les discours des candidats et des leaders des partis apparaissent comme éloignés des préoccupations et enjeux des populations. C'est particulièrement vrai pour la jeunesse à laquelle elle semblait ne pas s'adresser et dont elle faisait peu de cas. Il est aujourd'hui clair que la jeunesse n'est plus ce concept mobilisateur, cet argument central de proximité politique. Un constat peu réjouissant qu'un groupe de jeunes étudiants de l'université de Annaba a réaffirmé en faisant campagne pour un évènement tout autre mais qui en dit long sur l'étendue du rempart qui sépare leur pensée de celle de ceux qui veulent les représenter à la future assemblée. Cette campagne, c'est pour parvenir à mobiliser pas moins de 250 universitaires, représentants du monde associatif, jeunes entrepreneurs, écrivains, artistes, journalistes…etc et leur permettre de se retrouver pour un moment unique de partage et de découverte lors de la conférence Technology, Entertainment and Design (TED) qui se tiendra demain samedi 12 mai au théâtre régional Azzedine Medjoubi Annaba. Ce groupe de jeunes a réussi son pari, celui d'offrir l'occasion à leurs hôtes de revivre l'expérience américaine de Monterey (Californie) où fut organisée, en 1984, la première édition de la conférence TED. D'où l'intitulé de leur slogan : « De Californie à Annaba, une idée, un partage…un TED ». Force est de reconnaître à l'équipe de Insaf Bouhafs et Hichem Fendali, étudiants en Journalism & Media Affairs et Graphic Designer, les initiateurs, la détermination à donner au rendez-vous de Annaba une envergure qui sied à celle des éminentes personnalités appelées à animer la TED Annaba. Seront ainsi généreusement partagées les riches expériences de Noureddines Mellikchi, physicien atomique et chercheur à la NASA, Alexandre Castel, fondateur du projet Station Energy, Taha Zerrouki, développeur de logiciels libres des mécanismes de traitement automatique de la langue arabe, Safinez Bousbia, réalisatrice du film El Gusto et Manager de l'orchestre du même nom, et bien d'autres. Par quel moyen a-t-on réussi à décrocher le visa de la selecte et très exigeante communauté TED pour se faire représenter à Annaba ? D'autant que derrière ses pupitres américains et européens ont eu à défiler quelques unes des personnalités mondiales les plus influentes à l'image de Bill Clinton -ancien président des Etats-Unis-, Bill Gates - ex-PDG de Microsoft-, Frank Gehry, l'un des plus grands architectes vivants ou encore de Jimmy Wales-co-fondateur de Wikipédia- et Al Gore, prix Nobel de la paix. «Grâce à la licence, obtenue par Mehdi Dib -étudiant en Informatique industrielle/robotique et co-fondateur de OH Group, agence de marketing interactive- auprès de Chris Anderson, administrateur de la conférence TED. Avec cette licence annuelle, Annaba aura donc la chance de voir s'épanouir en son sein, chaque année, un évènement d'une envergure culturelle et scientifique sans précédent », ont précisé Insaf et Mehdi, lors d'un point de presse organisée mercredi dernier. Pendant18 minutes, le temps imparti à chacun des talks (discours) conformément au principe des conférences TED, conférenciers et participants auront à débattre du Sharing 2.0, thème dédié à la TED made in Annaba. Il s'agit d' « un concept nouveau qui reconnait et encourage le partage des idées. Ce qui est mien est aussi le votre, schématise comment ce concept réalise un grand pas vers l'accomplissement de ce but, en se reposant sur une philosophie de partage », a expliqué Melle Bouhafs. Plutôt que laisser leurs idées novatrices dont ils fourmillent mourir dans un recoin de leur cerveau encombré par les promesses jamais tenues de nos politiques, les jeunes participants auront l'exceptionnelle opportunité de les soumettre à ceux qui sauraient les écouter et pourraient, peut être, les aider à les mettre en œuvre.