Décidément, l'avenir appartient aux technologies de l'environnement. Ce constat a été largement partagé par les participants au Salon mondial du commerce de l'eau, des eaux usées, des déchets et des matières premières tenu la semaine dernière dans la capitale de la Bavière Munich, en Allemagne. Près de 3000 exposants venus de 54 pays étaient présents au Salon IFAT Entsorga 2012, où les près de 110 000 visiteurs ont eu à découvrir les dernières innovations et technologies environnementales. Avec 24% du marché mondial pour le traitement des déchets et des installations de recyclage, et une part de 17% dans le domaine des technologies de l'eau et des eaux usées, l'Allemagne s'inscrit résolument dans cette filière verte en devenant l'un des exportateurs les plus importants de la technologie environnementale. Ayant détecté le fort potentiel de croissance que recèle le secteur de l'eau et la gestion du cycle fermé, les entreprises allemandes sont plus que jamais leaders dans le domaine. «Les technologies environnementales vont changer notre avenir» La croissance rapide de la population mondiale, l'augmentation de l'urbanisation et les changements dans la consommation et modes de vie dans les régions à fort potentiel de croissance et face à une demande de matières premières secondaires de plus en plus importante - en raison de la rareté des ressources naturelles – sont autant de questions et défis qu'ont tenté d'explorer les participants au salon. Rien n'est désormais laissé au hasard. De l'augmentation du trafic dans les villes, la division croissante du flux de matières en raison de la séparation des déchets, la hausse prévisible des coûts de combustibles fossiles et la tendance vers la réduction de plus en plus intensive du CO2 et du bruit, ou encore la réduction de particules fines, se traduisent par des développements innovants dans le domaine des technologies environnementales. En cela, l'ensemble du processus de la détection et la collecte, le transport, le tri et la préparation, la commercialisation des matières premières secondaires récupérées et réutilisables sont passés au crible. Les visiteurs du salon ont eu ainsi à découvrir les nouveaux concepts – dont certains sont déjà pratiques – des disques de rechange pour les véhicules hybrides, alliant protection de l'environnement par la réduction du CO2 et du bruit et la minimisation des coûts face à des carburants de plus en plus chers. Comment répondre aux défis de l'avenir avec la technologie de l'environnement ? Telle est la problématique qu'a tenté d'explorer Patrick Hasenkamp, vice-président de VKU et ancien DG dans la gestion des déchets municipaux de Münster. Pour cet expert, «la gestion des déchets en Allemagne contribue déjà dans une large mesure à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais des mesures supplémentaires sont nécessaires», dit-il. En plaidant pour «un système de gestion de recyclage respectueux de l'environnement», Patrick Hasenkamp a émis quelques pistes à explorer par les entreprises, notamment dans les «biodéchets» où, dit-il, «il faut davantage de recherche et de développement pour améliorer les méthodes pour produire du compost, du biogaz et d'autres biodéchets produits à base de matières non polluantes». Les emballages et les matériaux composites ne sont pas en reste. «Le montant et la complexité des produits et des emballages ont augmenté au fil des ans. Mais certains matériaux composites sont extrêmement difficiles, voire impossibles, à recycler. Par conséquent, nous avons besoin de plus d'échanges entre les producteurs et les représentants de la gestion des déchets, pour mieux concevoir l'emballage de demain, explique-t-il, non sans omettre de plaider pour moins d'emballage, afin de réduire la quantité totale de déchets municipaux». Par ailleurs, le vice-président de VKU a rappelé la nécessité de poursuivre le développement de la collecte des déchets séparés (la législation allemande nécessite une collecte séparée des biodéchets, les métaux et autres fractions à partir de 2015) ainsi que la réduction de l'enfouissement. A ce titre, cette mesure «éco-efficace» pour éviter les émissions de gaz à effet de serre suggère aussi la réutilisation des gaz d'enfouissement, riches par ailleurs en énergie, pour la génération de l'électricité ! Pour sa part, la secrétaire d'Etat parlementaire Katherina Reiche, qui a ouvert le salon IFAT, a souligné la pertinence stratégique de la ressource en eau à la lumière du changement climatique face à une population mondiale en expansion rapide. «Environ 1 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable et près de 2,5 milliards de personnes n'ont pas d'assainissement adéquat, ce qui est à la fois un défi et un gisement inestimable pour les entreprises en quête de marchés». L'IFAT Entsorga est une «vitrine internationale pour les services de l'eau et de l'innovation dans une branche sensible, dans la géopolitique mondiale», a souligné Mme Reiche, dans son allocution d'ouverture du salon. Mégapoles : défis et chances Plus de la moitié de l'humanité vit dans des villes, dont une grande partie dans l'une des quelque 30 mégapoles comptant 4 à 10 millions d'habitants. D'ici 2015, ce chiffre doit passer à 60 villes, totalisant plus de 600 millions d'habitants. A l'heure actuelle, environ 2/3 de la consommation mondiale d'énergie sont le fait des villes, de même que 60% de la consommation de l'eau et 70% des gaz à effet de serre. Des chiffres qui, d'après le professeur Martin Faulstich, président du Conseil consultatif sur l'environnement du gouvernement allemand, signifient à la fois des défis et des opportunités : «Les régions urbaines offrent d'excellentes chances de relier de façon durable les secteurs de l'approvisionnement et de la dépollution, de l'énergie et de la mobilité». C'est ainsi que la société Siemens, présente au salon, a calculé que le marché urbain auquel elle s'adresse s'élève actuellement à quelque 300 milliards d'euros par an. Et étant donné l'importance de ce secteur, Siemens a même créé l'an dernier un nouveau secteur d'entreprises sous le nom d'Infrastructures and Cities. «Les villes ont pour tâche d'harmoniser croissance et qualité de vie », martèle le chef du département Urbanisme chez Siemens, Dr Willfried Wienholt.